Nathalie Lillo ©annie claire
LA BRECHE La brèche, c’est « quelque chose qui cloche », Nathalie le dit sans sa chanson « Au fond de mes poches ». Mais la brèche c’est aussi la position inconfortable de celle qui réalise les imperfections du genre humain, de la société, mais ne peut que s’en offusquer. Nathalie Lillo dans ce premier disque se met sur le brèche, en danger de faire connaître ses chansons, ses textes magnifiques. Ce qui séduit dans cet opus de treize titres, c’est tout d’abord la voix de la chanteuse, qui est claire et tendre à la fois. L’enregistrement est tel que l’on perçoit toutes les brèches de son timbre vibrant et résonnant. Nathalie Lillo a par ailleurs une parfaite diction et son phrasé est fluide.
POESIE OBLIGE Ce qui rend son expression si humaine, c’est la conviction que l’on sent quand la chanteuse « donne » ses textes. Elle les délivre comme faisant partie d’elle-même. L’écriture en est remarquable et originale. L’on y trouve quelques pépites d’écriture, tout comme dans les chansons d’Anne Sylvestre, d’Higelin ou d’Allain Leprest. Les rimes en « onne » de la chanson Craonne sont savoureuses. Le titre Grand Mère est très beau, poétique et … plein de rimes en « oche ». Quant à Monsieur, il est pertinent, plein d’humour et de tendresse.
LE GENRE HUMAIN passionne Nathalie. Le disque s’ouvre sur un titre fort A Calais où elle parle de la cabane des migrants. Chantal Grimm lui a prêté main forte pour l’expression de son texte, car elle en a composé la musique. C’est un désert, le titre suivant très intéressant parle des femmes, il a été mis en musique par Samuel Perronet. Martine Scozzesi a choisi de la chanter aussi et il lui va très bien. Cette chanteuse a travaillé avec Nathalie Lillo pour la réalisation de son disque qui, nous le comprenons, est une aventure collective. Le Limonaire fait allusion à l’institution de la Cité Bergère qui a servi de pépinière a tant de « chansonneurs » sur trois générations. [J’y ai consacré un article ici] C’est dire que Nathalie Lillo aime les autres, travaille avec eux et s’enrichit de leur fréquentation. Elle n’est pas du genre à concocter seule dans sa chaumière ses chansons-miroir.
Il faut absolument écouter ce disque et voici un titre pour donner envie d’entamer le voyage avec Nathalie. Elle l’a fait en collaboration avec des musiciens très fins, citons Erwann Hervé à la guitare, Victor Ibanez à la basse et contrebasse, Riton Palanque à l’accordéon et scie musicale, Philippe Soulié à la contrebasse. Toutes ces belles personnes ont contribué à ce que l’arrivée de Nathalie Lillo dans le monde des chanteurs auteurs interprètes ayant production discographique soit une réussite saluée par la profession. La Brèche est dédié à Jacques Higelin.
Annie Claire 17.12.2018