Moran à l’Auguste Théâtre Paris
20.03.2017
« Le silence des chiens »
4ème album 13 titres – Ad Litteram
Prendre des notes en concert en même temps que les photos n’est pas une chose aisée, mais avec Moran, c’est un tour de force. Le concert de Moran se déroule dans la quasi obscurité.
Ambiance oblige, et projections sur écran le nécessitant. Les images ont été créées par l’artiste peintre et réalisateur Mike Pelland.
Le show se compose d’une partie vocale, chantée, racontée avec accompagnement de guitare, c’est Jeff Moran, positionné sur la droite avec son bonnet. Au milieu un écran reçoit des images lentes, qui fluctuent au rythme de la musique, en noir et blanc, puis en couleurs, beaucoup de lumières et de rouge au fur et à mesure que le spectacle se déroule. La partie musicale est dévolue au brillantissime Thomas Carbou qui s’occupe des effets sonores, et excelle sur deux guitares, dont l’une est particulière, huit cordes et deux grandes ouies permettant des fortes sonorités résonnantes dans les basses.
Les chansons sont graves, au sens profond du terme. Un climat quasi extatique les enveloppe, le chanteur garde les yeux le plus souvent fermés. Le sens est évident, la façon de le dire est élégante, discrète, les mots sont prononcés, et puis la chanson s’arrête, NET. Je prends mon plaisir dans la chute. Et nous nous régalons de ce double sens.
Les thèmes sont ceux de la vie, de la communication, de la compréhension, et pourquoi l’homme et puis le temps, et puis la mort. Les mots sont simples, mais revêtent des assemblages insolites Crache la salive, mais pas la langue.
Il y a beaucoup de fraternité, d’empathie, Si tu restes à la maison/ Alors je reste à la maison. Les chansons sont incarnées, la poésie n’est pas prétentieuse, elle est expression. La chanson de Bashung arrive naturellement Osez Joséphine, magnifiée par une résonance quasi religieuse et la voix patriarcale de Moran.
Dans cette cathédrale sonore qui nous envahit totalement, on se sent englouti, presque anesthésié. De fait tous les sens sont sollicités, la saveur est spirituelle, la chaleur nous engourdit, la beauté se déguste.
Moran use beaucoup du verbe mentir, c’est un thème récurrent dans ses textes. Mentir et pardonner, et la vérité dans tout cela?
J’aime bien parler de nous / Avant que vous soyez là / J’étais où Le chanteur essaie de parler à son public, peine perdue, le public s’abreuve, se repaît de musique, de sens, il a quitté le premier degré. Ce qui ne le décourage pas de continuer à solliciter un hypothétique dialogue avec la salle, pour une confirmation de communion solennelle.
La fin de la célébration est annoncée, les acteurs s’embrassent sur scène, l’heure a sonné de laisser le public réclamer des rappels incessants, à la hauteur du bonheur envoyé pendant ces deux sets bien intenses. Le concert en effet est coupé par un entracte, pendant lequel le public est invité à se désaltérer (et aspirer une bouffée d’oxygène – ou de tabac) pendant que les artistes reprennent des forces, car ils donnent beaucoup dans ce spectacle bien intense.
La représentation suivante a lieu au Bijou à Toulouse le 21 Mars 2017, les autres dates sont là : TOURNÉE du 16 au 26 mars
JEU 16.03.17 La Chaux-de-Fond, Concert privé
VEN 17.03.17 Les Plans sur Bex, L’Annexe
SAM 18.03.17 Orbe, Hessel
DIM 19.03.17 Option, Yverdon
MAR 21.03.17 Toulouse, Bijou
MER 22.30.17 Toulouse, Bijou
JEU 23.03.17 Delémont, Le Temps des Cerises
VEN 24.03.17 Sembrancher, L’Atelier
SAM 25.03.17 Saignelégier, Le Café du Soleil
DIM 26.03.17 Option, Genève
Site de l’artiste http://moranmusique.com/
Annie Claire 21.3.2017