Les Hôtesses d’Hilaire, une bombe venue d’Acadie

Les Hôtesses d’Hilaire, c’est un phénomène, un raz de marée musical, un groupe détonant, époustouflant, bourré d’énergie délirante. Ils en sont à leur quatrième album et leur septième tournée en Europe. J’en parlais en novembre 2015, quand je les vis en Acadie, puis à Montréal. Originaire du Nouveau Brunswick, le groupe fait beaucoup parler de lui. Les Hôtesses d’Hilaire, c’est cinq musiciens énergiques qui font un rock dur avec des textes très à part. Attrayants et attachants — les parisiens les ont bien acclamés notamment pour la Fête de la Musique, la Nuit Boréale Place des Invalides en 2016.

Serge Brideau en 2015 à Montréal ©annie claire 15.01.2018

Le chanteur Serge Brideau est un monument. Très imposant, il porte toujours sur scène des tenues improbables, je l’ai vu à Montréal en pyjama en pilou, aux BIS de Nantes, il portait une robe légère et très courte, avec chaussettes et tennis. On le voit aussi avec une chasuble rouge et une énorme croix sur son ventre proéminent. Sympathique et charismatique, il joue de sa corpulence dans des postures virevoltantes et statiques, tour à tour. Il surprend avec son fort accent acadien, sa dégaine décomplexée et son ton de harangue. Mais la poésie ne le quitte jamais, même s’il hurle, se renverse une bouteille de champagne dans la bouche, il reste touchant et tendre. On a envie de l’écouter, d’autant que les musiciens envoient des sons fort harmonieux.

— Créée en 1972, la pimpante troupe composée de Serge Brideau (voix et guitare), Mico Roy (guitares), Michel Vienneau (basse), Léandre Bourgeois (claviers) et Maxence Cormier (batterie) – sort de la cave à Hilaire Brideau tout de suite après le bogue de l’an 2000 question de vivre pleinement d’ici la fin du monde. Fortement influencé par la musique des années 1970, il lance son premier album, Hilaire à boire, en 2013 qui sera suivi, l’année d’après, par l’opus Party de ruisseau. Après avoir été ovationnés par des publics à plus de 300 occasions, en Europe et d’une côte à l’autre du Canada, c’est basés dans leur Nouveau-Brunswick chéri, que Les Hôtesses enregistrent un troisième album en 2015, Touche-moi pas là. Ce dernier leur vaudra une nomination pour album de l’année dans la catégorie alternatif à l’ADISQ ainsi que deux trophées au ECMA, dont celui pour l’enregistrement de l’année-groupe (Group recording of the year) faisant des Hôtesses le premier groupe francophone a mettre la main sur ce prix. — Voilà la présentation officielle du groupe.

Provocation ou libération ?

Serge Brideau BIS de Nantes ©annie claire 15.01.2018

Le groupe n’a pas choisi la provocation pour choquer, il a choisi de se libérer des carcans sociétaux pour s’exprimer en parfaite liberté. Les paroles des chansons ne sont que critique de toute la société, sans ménagement, et la musique pour porter les mots est forte. C’est un rock dur, mais qui sait se faire doux, un rock avec des mélodies, un style, une structure. Très inspiré des années 60/70, ce rock psychédélique, comme on le dit souvent, propulse parfaitement des propos anticonformistes qui se veulent libérateurs. Aucune violence là-dedans, l’on sent parfaitement que le consentement du public est préservé. Quand on connait un peu Serge Brideau, on réalise vite son côté humain, très proche des gens. Certainement comme son père, le fameux Hilaire qui a donné son nom au groupe, cet homme est généreux et aime les autres.

La cave d’Hilaire

C’est dans la « cave » paternelle que les potes musiciens sont venus jouer et répéter. Ils y ont ourdi une musique bien à eux, énergique et harmonieuse tout à la fois. Plus le propos est fort, plus la musique est belle, exemple en est le titre « Fais faillite » que l’on écoute ici. Charismatique, Hilaire a transmis sa joie de vivre à son fils Serge et ses potes musiciens. Sur scène, Serge Brideau ne reste pas en place. Il s’agite dans tous les sens, vivant sa chanson, dansant et jouant de son corps imposant. Barbe longue et cheveux gris s’envolent au rythme des entrechats, sa robe se soulève, il n’en a cure!

Hotesses d’Hilaire Bis de Nantes ©annie claire 15.01.2018

Un groupe engagé qui ne se prend pas au sérieux

Il reste que ces cinq musiciens forment un groupe de rock inspiré original et sérieux. Si les postures du chanteur sont souvent volontairement osées, le look et les attitudes des musiciens sont très classiques, ils sont en chemise. [« Regarde-moi » à voir ici ]   

Sérieux, ils le sont, mais ne se prennent pas pour des prédicateurs, aucune forme de prosélytisme ne peut leur être attribuée. J’ai rencontré en particulier Serge Brideau lors de rencontres professionnelles au Centre Culturel Canadien, à Paris, celui-ci remplaçait Carole Chouinard, sa gérante, qui, souffrante, n’avait pu se déplacer. Il m’a parlé avec précision des autres artistes de l’agence, Raphaël Butler et Danny Boudreau, notamment, que l’on aime beaucoup aussi. J’apprécie chez les Acadiens cette authenticité qui les rend d’emblée sympathiques et aussi ce professionnalisme qui les caractérise. Ils aiment bien rire et se détendre, mais quand ils travaillent ils ne font pas autre chose.

©annie claire 15.01.2018

Véritable phénomène musical, Les Hôtesses d’Hilaire, voyagent beaucoup, à Moncton, au Nouveau Brunswick, au Canada, aux States, en Europe… Le groupe est de tous les festivals, il suffit de les voir une fois pour avoir envie de les revoir souvent.

Annie Claire 09.02.2018

 

 

 

 

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