Un spectacle Barbara sans piano et sans accordéon, vous y croyez ? Et bien c’est beau, c’est inspiré, et c’est Claudia Meyer qui l’a conçu avec ses complices en musique. L’idée de départ est celle du voyage, un aspect très prégnant de la vie de la chanteuse mythique. Et si Barbara n’était pas la Longue Dame Brune, intouchable, idéalisée par l’époque. Si elle était, comme elle le disait elle-même, juste une femme, une femme qui chante. Une femme qui chemine aussi, qui se trompe, qui a peur et qui avance. Une femme qui cueille l’amour, qui aime les autres, la vie, la liberté. Une femme qui aime follement la vie au point de vouloir mourir jeune, et arrêter son voyage en pleine vie.
Barbara nous a laissés en 1997, emportant son mystère, nous abandonnant ses chansons, sa joie de vivre et sa soif de découverte. Claudia Meyer a relevé le défi de nous faire revivre une Barbara en mouvement, en liberté. Refusant de résumer, comme beaucoup, l’histoire de Barbara à travers l’épisode du père, Claudia Meyer colorie de ses rythmes chauds et sa voix assurée quelques chansons inattendues qui présentent une artiste davantage dans la vie que dans un cadre doré. « Tais-toi Marseille » ou « Mon Pote le Gitan » sont des chansons des débuts qui traduisent la passion enjouée, avec des accents plus pop, comme on s’enhardit à le dire aujourd’hui. Mais oui, Barbara était une chanteuse populaire, elle chantait l’amour.
Claudia Meyer est aussi une artiste qui chante l’amour. Elle le fait avec ses vibrations à elle, son orientation musicale qui va vers des rythmes jazz-latino. C’est une excellente guitariste à qui pas mal de chanteurs connus ont demandé de les accompagner, Véronique Sanson, Alain Chamfort, Maxime Leforestier… Sa voix, vous la connaissez, vous l’avez entendue en duo avec Maurane ou Yves Jamait, et bien d’autres. Dans le spectacle « Ah! Les voyages » Un autre destin de Barbara, Claudia Meyer s’est imaginée faire revivre la chanteuse avec un autre parcours, totalement rêvé. Sur le fil de la passion, de la liberté, elle nous emmène avec sa guitare et ses brillants musiciens dans un univers où les mots de Barbara prennent un nouveau souffle. Le voyage se fait avec Bruno Caviglia à la guitare, Marc Benamou dit Marquito aux percussions et Dominique Bertram à la basse.
Les « standards » y sont, la Petite Cantate, Nantes, L’Aigle Noir, Ma plus belle histoire d’amour, et joliment envoyés, si je puis me permettre. Et puis des titres moins connus du répertoire de Barbara (qui en comporte plusieurs centaines) comme l’Indien ou Mes hommes. Comme touche finale, pour parachever le tableau de la bouillonnante voyageuse, Mourir pour mourir qui a souvent inspiré avec bonheur des interprètes de la jeune génération. Cette chanson, comme aussi Perlimpinpin, souligne la violence de la vie, qui comme chacun sait est une maladie dont on ne sort pas vivant. Alors offrons-nous des parcours où la fantaisie règne en maître. C’est ce que fait Claudia Meyer dans son spectacle et sa musique, sans que l’on puisse lui dire, même si elle s’y habille aussi en noir, « curieuse amie, drôle de grimoire ».
Si je vous ai donné l’envie d’écouter Claudia Meyer en attendant que le spectacle passe non loin de chez vous, écoutez déjà ici. Le disque est disponible un peu partout, il est magnifique. Il y a beaucoup de péripéties dans le spectacle que je n’ai pas racontées, car je suis sûre que vous allez les découvrir par vous-mêmes. Et puis une petite surprise pour finir ici.
Annie Claire 22.03.2018