Thibaud Defever est le chanteur de la douceur, la douceur est sa force d’expression, son mode de persuasion. Thibaud Defever est un poète chantant, émouvant, profond. Son chant est une ode à la vie, la vie qui se savoure doucement, délicieusement, avec le temps qu’il faut pour ce faire. Thibaud Defever est philosophe dans les deux sens du terme, il sait vivre, il sait la sagesse des âmes.
Dans cet album, Thibaud Defever se sert de son véritable nom, je dis cela pour ceux qui ne le connaissaient que sous le nom de son groupe d’origine Presque Oui, un duo avec la regrettée Marie-Hélène Picard. Dans cet album, qui est celui d’une époque troublée, une année 2020 de tous les dangers et de toutes les lenteurs, Thibaud a écrit (avec Isabelle Haas) dix poèmes en prose qui sont tout habillés de cordes, celles de sa guitare et de celles du Well Quartet, un ensemble féminin parisien assez délicat composé de deux violons, Luce Goffi et Widad Abdessemed, un violoncelle, celui de Chloé Girodon et l’alto d’Anne Berry. Tout cela sous la direction artistique du très discret et très efficace Antoine Sahler.
Discret, Thibaud Defever l’est aussi, qui choisit un dessin au trait très fin d’une gracile silhouette comme visuel de son disque, une pochette grise très clair, son nom et celui du Well Quartet en bleu marine, la silhouette sans le tiers inférieur droit, avec son ombre portée. La discrétion est l’apanage des grands hommes, ceux qui n’expliquent pas la vie aux autres et se contentent de les comprendre et les fréquenter en bonne intelligence, voire de se confier à eux, comme Thibaud dans cet album.
Dans les vers libres de ces poèmes donc, il est question d’envol, celui des oiseaux ou celui de la mémoire, la nature offre des métaphores fortes, le vent, le soleil, la forêt parlent de cap, d’horizon, de traversées. Les thèmes évoqués sont de l’ordre de l’intime et l’on sent le poète engagé dans ses textes, les délivrant avec l’humilité que lui ajoutent les cordes délicatement posées ça et là, dosées comme il se doit.
J’aime particulièrement le titre île dont les allusions narratives sont fortes, et le dernier Nous qui résume la symbolique du moi par rapport à l’autre. A la fin du livret, ce sont d’ailleurs deux silhouettes qui figurent sur la troisième de couverture. Merci Thibaud de ce partage.
Annie Claire 15.11.2020
Très bel article Annie-Claire pour un très bel artiste ! Comme tu le dis très bien discret et d’une sensibilité exacerbée qui transpire dans chacun de ses titres. J’ai tout de suite été transportée et émue par cel album qui arrive à point nommé en cette période confuse ❤️