C’est une nouvelle fois grâce à EPM et Christian de Tarlé que nous découvrons le nouvel album de Bernard Lomé. « C’était le temps du vent » est un disque très doux, poétique, évocateur de la terre marine et saline du Bourg-de-Batz, Guérande jusqu’à la Grande Brière à quelques encablures, la patrie du poète de renom René Guy Cadou. Ce poète a inspiré bien des des chanteurs et chanteuses, Bernard Lomé a mis en musique cinq de ses poèmes posant avec ses musiciens des notes subtiles sur ses vers aussi connus que ceux de Guillevic que j’évoque aussi parfois dans mes écrits. Ma famille réside également dans ce pays que l’on ne dit plus breton et qui est d’une douceur et d’une beauté exquises compte tenu de la variété de ses sites et de la clémence de son climat.
Chants de mer, chants d’amour, chansons à boire, chansons de l’eau et du vent, chansons populaires, ce disque est un régal de mélodies et de textes délicats qui font comprendre et aimer les gens de la côte, matelots et femmes de marins, gens du marais, tous entre terre et eau. Les mots de Bernard Lomé n’ont rien à envier à ceux de Cadou, chez lui la poésie se décline dans la tempérance et l’extase de l’intensité du moment.
Ce disque est apaisant, ressourçant, son écoute fait du bien en nous raccordant aux vraies valeurs, harmonie avec la nature, solidarité entre humains. J’ai apprécié la simplicité de la chanson Pauline de Guérande Y’avait une belle dame / Sans le bourg de Guérande / Pauline qu’elle s’appelait / Coquine elle était / Chopine elle buvait / Matines elle chantait. Sur un air de chant traditionnel, le récit est réaliste, triste et doux, plus profond qu’on ne le pourrait supposer. « Tous les marins sont des chanteurs » a écrit Le Guilvinec et chanté récemment François Morel [j’en parle ici], Bernard Lomé lui fait chanter les paludiers et les matelots, mais aussi la mer et les oiseaux, dans la belle chanson La mer à boire.
Merci à EPM de m’avoir fait découvrir cet artiste. Une petite audition apéritive ici.
Annie Claire 21.05.2022