Surprise d’aborder l’oeuvre de Nicolas Paugam par son sixième album, qui est une reprise de six titres de ses précédents disques avec une orchestration épurée, et trois nouvelles chansons originales dont le titre éponyme « La Délicatesse ». Surprise parce que l’homme est fou, tout à fait en dehors des clous de la chanson qui nous est proposée actuellement. De sa voix impayable, audacieuse et faussement assurée, il emmène ses textes avec force vocalises et ruptures de tonalités. Non, il ne déclame pas, il chante vraiment, ses mélodies sont pour le moins inattendues. L’écoute devient vite accro à cet exercice d’excentricité tant les mots ont du génie, tant les thèmes nous semblent bien traités, avec une maturité évidente. Voici en apéritif L’homme heureux qu’il chante là avec le chanteur inspiré JP Nataf.
Le chanteur a tout compris de cette société, il en profite, il est libre lui, un homme heureux, en somme. On le comprend, il a beaucoup baroudé, philosophé, expérimenté, avec une délicate intelligence qui lui sert de fil conducteur. Ainsi nous raconte t-il les vaches et les régions, les fromages, le cochon et son tripoux, les canards gavés, les abeilles mortes pour finir par « L’homme est un con et au plus vite il doit disparaître » (La chanson annonciatrice). Dans Sylvain et Sylvette, il annonce « Paris est tari, et son ombre se débauche dans le creux des vapeurs du temps » (et dire qu’il va s’y dérouler les Olympiques Jeux !)
J’ai trouvé beaucoup d’esprit à l’écriture du chanteur bien singulier Nicolas Paugam, beaucoup de finesse dans ses évocations personnelles, du père, du grand-père, et … du « chien de son fusil » et pas mal de diversité dans ses musiques teintées tour à tour jazz, rock, pop ou Brésil. Vous vous souvenez, Nicolas Paugam, c’est lui qui avait fondé avec son frère Alexandre le groupe Da Capo. Au plaisir de savoir ce que vous en pensez vous.
Annie Claire 04.09.2023