Je me hâte d’écrire quelques lignes sur « Rose-amère », le dernier CD de Xavier Plumas pour préparer sa venue à Paris, le vendredi 26 Janvier à la Manufacture Chanson. C’est un bel opus dont la musique a des couleurs métissées, riches de sonorités exotiques. Le chanteur insère sa voix de granit dans un accompagnement riche de rythmes créoles variés. L’enregistrement s’est fait en live donc en acoustique, en plein élan créatif. L’éloquente contrebasse est celle de son compère Eric Doboka franco-malgache (dont la nièce Astrid Veigne chante sur The Tyger en fin d’ album). Cédric Thimon est maître des saxophones, tous trois sont des artistes de Tue-Loup, le premier groupe de Xavier Plumas, lui-même guitariste.
Si la tue-loup est une plante hautement toxique (aconitum lycoctonumla), la rose-amère (pervenche de Madagascar) possède mille vertus médicinales. Xavier Plumas passe d’un végétal à l’autre, en doux poète de la nature. Tout chez lui est subtil, délicatement suggéré, la lumière et le soleil favorisant la liberté et la joie, le monde vivant. L’album est lumineux, la musique en perpétuel mouvement ondulatoire conduit un fil descriptif enivrant tandis que les mots tentent une approche elliptique et métaphorique. Il faut écouter sans trêve ce disque pour en saisir peu à peu la profondeur. Quelle joie par exemple de redécouvrir Toi parler et à la dixième écoute retenir « toi parler à mon coeur… et sur ton île, ami, je tiens mon bout du monde ».
C’est l’artiste franco-antillaise Agnès Paspire qui a écrit le texte de Moi pas parler et réalisé les dessins originaux de la pochette de l’album paru sous le label La LéZarde. J’en recommande l’écoute à tous ceux qui ont soif d’authenticité en cette période où les biens matériels sont objets de convoitise et où l’humain a tendance à perdre le sens de son existence au sein du vaste monde au delà de son petit nombril.
Rendez-vous le 12 Janvier au Théâtre de l’Aparté à Vendôme pour voir Xavier Plumas, et le 26 Janvier à l’ACP de Paris.
Annie Claire
25.12.2023