Pas vilain du tout, Jules et son nouvel Orchestra
Il y avait une date à ne pas manquer, c’était le 15 mars au Café de la Danse. Jules et le Vilain Orchestra présentait son nouveau spectacle peaufiné après un séjour en résidence à Lignières.
Jules n’est pas au violon, ni Léon à l’accordéon, mais faudrait avoir une jambe de bois, pour ne pas danser la polka (ou le rock, ou même le slow).
Nouvelle guitare pour Jules, nouveau look pour le spectacle, nouvel album.
La fanfare est au complet, et le sourire sur tous les visages, le show nouveau va commencer. Jules est un joyeux luron, aux rythmes jubilatoires et aux textes judicieux. Il sème la jovialité, tout comme la justesse sur des thèmes pas forcément évidents, comme l’injustice ou le deuil, et d’autres plus enjoués. Les chansons sont bien écrites, l’interprète sur scène a une dimension formidable. Regard franc, l’artiste incarne ses chansons, il nous les fait vivre avec lui.
Nouvelles lumières, born in Lignières, nouveau décor, nouveaux costumes pour ce spectacle bien léché qui voyage entre rock alternatif et variété bien assumée. On connait le passé de Jules auprès de Catherine Ringer ou Goldman, il est à l’aise dans tous les genres, parce qu’il est un artiste de scène, à l’instar d’un Higelin, cher à son coeur (et au nôtre). Sa voix est pleine et forte, il ne sussure pas ses chansons, il les envoie gaiement, tel un Nino Ferrer, ou même un Brel de notre jeunesse.
Les éclairages sont particulièrement étudiés pour mettre tout l’orchestre en valeur, on voit en permanence tous les musiciens, les cuivres sont sur un podium en hauteur, la batterie sur un autre et le clavier sur un troisième. Le chanteur monte et descend souvent, il est alerte sur ses jambes, ça tombe bien. On a autant de plaisir à les écouter qu’eux à jouer, c’est que l’alchimie de la scène est au point. L’esthétique est recherchée, les déplacements sur scène ne doivent rien au hasard, les guibolles de ces messieurs les musiciens sont très mobiles, on se croirait revenu au temps des yéyés et du twist. D’ailleurs il y a de la nostalgie dans l’air, Jules a fait une chanson sur l’époque où l’on s’achetait des disques de nos chanteurs préférés. Clin d’oeil, comme la reprise de Jean Ferrat « Ma môme ». Rien n’est appuyé, mais tout est dit, l’artiste vole en légèreté au dessus des clichés, dans la salle, on se régale, je veux dire que l’on ne boude pas son plaisir. « Dieu est amour, tout est amour ». La musique est belle, les acteurs sont bons, la pièce est distrayante et réjouissante, que demander de plus ?
Intemporel cet orchestre, très jazz au final, (sans saxophone toutefois, mais les ingrédients sont là). Le son est volontairement un peu rétro, c’est très étudié, Vincent Thermidor veille sur cette constante qui fait l’identité du groupe. Il est le personnage clé de l’orfèvrerie musicale.
Les nouvelles chansons sont beaucoup axées sur des portraits de femmes, croqués avec tendresse et respect, avec une pointe d’acidité. « Elle était occuliste… fleuriste… et moi taxidermiste, on était mal barrés ».
Bonne route à ce nouveau spectacle !!
J’avais vu ce groupe à l’Européen le 9 Juin 2015, avec Fredo des Ogres de Barback en première partie. C’était superbe aussi, tout comme le 16 décembre dernier aux Trois Baudets pour la soirée Sacem, mais le show du Café de la Danse hier était particulièrement magique, cette salle lui va bien, assurément. On se souvient du titre « T’es chiante » qu’il a chanté en début de concert, titre criant de vérité et d’affection sur les frasques de sa jeune soeur. J’arrête là mes allitérations. Voici une video du passé, en attendant les nouvelles.
Annie Claire 16.03.2016