
A l’initiative de Sabine Drabowitch qui organise une fois par mois des soirées Cabarockette dans le lieu alternatif La Trockette à Paris 11ème, nous avons eu la chance d’assister à une représentation de la pièce musicale de Vincent Ahn sur l’adoption. Ce spectacle s’appuie sur ses chansons, données au piano, un théâtre d’ombres imaginé et mené par Clémentine Stépanoff, et un texte-off poignant écrit par Vincent Ahn et enregistré par Sabine Dabrowitch.

Vincent Ahn est un artiste vivant en région parisienne, souriant, sensible, qui a été enlevé à sa famille de Corée du sud, comme beaucoup de petits sud-coréens entre 1955 et 1999 (au mépris des droits humains et des lois sur l’adoption). Excuses ou pas des autorités coréennes en 2025, il n’en reste pas moins qu’âgé d’un an seulement, l’enfant que nous avons devant nous, devenu un homme, a été enlevé à sa famille et expédié par avion à Paris, où il a atterri dans le plus strict anonymat, sans nom et sans date de naissance, déraciné, désemparé et plongé dans une insécurité psychologique bien compréhensible.
Vincent Ahn a dû se construire tout seul, en proie toute sa jeunesse à un questionnement légitime sur son identité, ses origines, sa famille, et le sens de la violence de cet arrachement sans retour imaginable. Il a donc créé un spectacle dans lequel il raconte avec beaucoup de pudeur son parcours hors du commun qu’il chante à son piano, nous arrachant inévitablement des larmes d’empathie.

C’est Clémentine Stépanoff qui a illustré l’incroyable périple du jeune enfant, depuis la ville portuaire de Busan jusqu’à la capitale parisienne. Véritable théâtre d’ombres, ses figurines de personnages et de monuments apparaissent sur grand écran, laissant nos imaginations ressentir les situations vécues par Vincent Ahn. Vous allez pouvoir le visualiser sur cette vidéo. Ce spectacle sensible a été créé au Scénobar, il s’est joué récemment à Bourg-la-Reine, à Paris au Connétable et au Trou Noir.
Quand on parle avec Vincent Ahn, celui-ci assure qu’il va très bien, qu’il est équilibré et heureux, menant une vie de famille avec ses enfants en milieu forestier à une heure à peine de Paris. Devenu très philosophe, l’artiste va jusqu’à nous rassurer, il n’en veut pas à ses parents biologiques. Il remercie le ciel en quelque sorte d’avoir eu l’occasion de s’épanouir dans un environnement favorable, dans un pays encadré par des protections légales respectées. Son statut d’artiste, il l’a finalement choisi, après avoir exploré plusieurs métiers dans des secteurs d’activités différents. Bravo à lui !
Annie Claire
21.12.2025
