
Sorti le 5 Septembre dernier sous son label L’aérogare, le deuxième CD d’Abel Abélard « Amours farouches » est un opus remarquable dont Mandolino devait absolument parler. Poète et pianiste, Hervé Pfortner, alias Abel Abélard, s’est longtemps consacré au théâtre. Avec la cinquantaine, une nouvelle vie s’offre à lui, la musique le rattrape et l’envahit, une puissante veine poétique s’empare de son écriture et cet album féérique de neuf titres voit le jour à la fin de l’été.
Dès les premières mesures d‘Amours farouches, dont voici le clip, l’on entre dans la magie de son univers mystérieux riche en rêveries, songes lumineux et lyriques où la voix sensuelle et suggestive du chanteur emmène une musique savoureuse composée de paysages sonores inédits et délicats. C’est une pop électro raffinée qui se décline tout au long de l’album.

Tout est annoncé dans ce premier titre, Abel Abélard va nous parler de son délire d’un amour sublimé, passé, présent ou à venir, nous ne le saurons pas, mais selon les morceaux, libre à nous de l’imaginer. L’amour charnel n’est pas loin, il est transcendé par le poète pour accéder à l’amour universel et sa dimension spirituelle. En quelque sorte, avec Universellement, qui termine l’album, Abélard rejoint son Héloïse.
Entretemps, Abel Abélard est passé par des phases d’amour incandescent, passionné qui donnent lieu à des musiques bien vivantes, sublimes même, comme celle du titre Fantôme dont voici le clip. Des instrumentistes et musiciens pas tout à fait inconnus se sont associés pour ce magnifique ouvrage musical dans le Studio sous les Vignes à Metz. Gérald Delique a travaillé avec Laura Cahen. Il co-signe les arrangements et la réalisation avec Antoine Tiburce que l’on entend souvent aux côtés d’Alex Beaupin (parfois il prend la mandoline, message subliminal). Nicolas Stroebel et Maxime Tisserand sont des musiciens de Chapelier Fou, le premier à la batterie et le second à la clarinette. Sur 3 Amis, il excelle.

Enfin je propose à votre écoute Eurydice là où Abel Abélard fait spécialement penser à Jacques Higelin, par la voix et l’inspiration. Ce n’est pas un hasard, c’est sans doute le résultat d’un travail que Hervé Pfortner a fait avec des textes d’Higelin pour les mettre en musique. Les grands esprits se rencontrent parait-il, Abélard avait aussi mis en musique Baudelaire.
« Mais où va le temps / Mais où va le temps si long / T’éloigne pas / Reste là / Près de moi / Reviens-moi si tu t’en vas. » Profitons de cette magnifique poésie amoureuse pour nous échapper du quotidien.
Annie Claire
01.11.2025
