Anne Sylvestre ©annie claire
« La vie n’est que manèges et j’ai toujours aimé tourner en rond. » disait Anne Sylvestre. Son tour de manège s’est terminé en 2020, le 30 novembre avec son décès. EPM sort un disque posthume de sept jolis morceaux qui clôturent le coffret de son intégrale. Nous voilà tous attendris de l’entendre chanter à nouveau, comme avant, avec sa voix bien modulée, sa malice et sa pertinence. La photo de la grande chanteuse réalisée pour la pochette par David Desrumeaux au Musée des Arts Forains évoque son goût nostalgique pour les jeux de l’enfance. C’est qu’elle s’y est beaucoup intéressée Anne Sylvestre, à l’enfance avec ses fabulettes. Elle-même a eu des enfants et des petits enfants et nous supposons qu’ils ont été éveillés au monde des grands avec l’intelligence et la douceur qui président à l’écriture des textes des fabulettes.
Sept plages donc à ce disque nouveau, dont un instrumental pour ouvrir l’écoute et un autre, non moins superbe pour la terminer en beauté et en profondeur. Notre coeur bat en pensant que la chanteuse avait préparé les titres nouveaux en pensant les donner sur scène. La vie en a décidé autrement. Tout au long de ses soixante années de chansons, sa voix est restée intacte, ce disque est d’autant plus émouvant que l’on imagine sa présence aisément. L’on peut imaginer à travers ces chansons la chronique d’une mort annoncée, pourquoi pas, mais personnellement je ne le pense pas. Même s’il est question de déluge, l’ironie d’Anne se dégage toujours de ses textes. Dans Maman la chanteuse, le second degré est omniprésent, la femme pleine de pudeur se plaint doucement de la femme publique qu’elle est devenue, autodérision salutaire. Texto est un titre léger que ponctuent un violoncelle délicat, celui de Isabelle Vuarnesson et la clarinette de Chloé Hammond. C’est bien sûr Nathalie Miravette qui est au piano, elle qui a accompagné Anne pendant de longues années.
Dans le titre-phare Manèges, la chanteuse se livre : « Les petits bateaux bleus … C’est comme la vie / Trop vite finie / On n’est jamais sûr / D’avoir tout compris ». La chanson a été écrite en 2019 et les larmes nous montent aux yeux, nous étions relativement proches de cette personnalité que l’on retrouvait souvent dans le concert des autres artistes. Anne aimait les artistes, elle aimait les sorties, les découvertes. Sa petite fille Clémence s’attelle à une lourde tâche avec les filles d’Anne, celle de valoriser le patrimoine de l’artiste disparue. Nous aurons en toute logique des événements où Anne Sylvestre sera mise à l’honneur. Je pense à sa soeur Marie Chaix qui est une belle personne également et dont peut-être je parlerai ultérieurement.
https://www.annesylvestre.com/actualites/ https://www.epmmusique.fr/fr/catalogue/3122-anne-sylvestre-manege-en-souscription.html
Annie Claire
23.11.2022