Qu’il est beau, qu’il est délicat le dernier disque d’Antoine Sahler « Le Hasard« , mijoté longuement dans un creuset commun avec David Chalmin. Les talents de ces deux artistes se conjuguent pour nous proposer une oeuvre complète en pianos voix, simple et modeste, en apparence, qui nous ravit et nous transporte tout à la fois. Parmi ces douze titres se trouvent quelques subtiles déclarations d’amour, comme on aimerait en entendre plus souvent.
Du plus profond de son être intime, Antoine Sahler rend hommage à la vie, à l’océan de douceurs qu’elle lui apporte à travers ses proches, ses cheminements. Nul doute que le poète rêveur ne soit lui-même un port d’attache pour ses semblables, ses élus de coeur. Quand il chante « Je tiens à toi beaucoup / Je tiens par toi, debout », l’on touche du doigt la réciprocité des atomes crochus dans son entourage.
Et l’on assiste, au hasard de mélodies légères et variées, à ses promenades philosophiques, ses rêveries inachevées à la Jean-Jacques Rousseau, sur le thème du bienheureux hasard qui le rassure, puisque c’est lui qui est censé régner sur son harmonie personnelle. Inutiles, difficiles, fragiles, les circonstances peuvent être essentielles, voire éternelles. Dans cette intéressante quête de tranquillité, Antoine Sahler malgré lui installe des doutes en nous. Il nous inviterait même à réfléchir sur d’éventuelles nécessités que nous pourrions avoir à subir en cas d’adversité ou de frictions. Mais nous n’en sommes pas là bien sûr !! Laissons-nous gagner par la théorie du hasard heureux qui pourrait peut-être nous rendre, nous aussi, tendres et enjoués comme notre poète chanteur. Je recommande sa potion sonore, douze doses du Hasard chaque jour pendant une semaine et vous serez réconciliés avec la vie s’il en est besoin.
Annie Claire
29.01.2023