Destinée à embrasser une carrière de danseuse classique, Buridane a finalement choisi la chanson.
Une claque retentissante, le live de Buridane à La Loge
Seconde soirée consacrée à Buridane dans cet endroit, pour le dispositif Oh Taquet! coordonné par La Loge, le Chantier des Francos et Arcadi. Nous y avions vu l’an passé Baptiste Hamon avec bonheur.
Pieds nus et tête haute, seule avec sa guitare, Buridane présente ses nouvelles chansons. Elle les présente vraiment, elle les parle, elle les met en scène. Son discours est-il plus impudique que ses chansons ?? ou l’inverse, c’est une interrogation légitime. La chanteuse, qui se veut « pas fragile », conforte son assurance par ses choix : elle ose.
Et quitte à faire des chansons, autant parler de soi, de son expérience de vie. Et quitte à parler de sa vie, autant parler de choses importantes, pas seulement de la pluie qui tombe, mais de ses réflexions, de ses angoisses, de ses peines, de ses apaisements aussi.
J’avais vu Buridane à Moncton en novembre dernier lors de la FrancoFête. Dans le cadre « Les rencontres qui chantent » au Campus de Moncton en Acadie, Buridane présentait un spectacle de sortie de résidence avec une douzaines d’artistes francophones venus des Etats-Unis, de France, du Québec et d’autres provinces du Canada. Je m’étais régalée de ce concert très animé. Parmi les artistes présents auprès de Buridane, il y avait Nevché, Eric John Kaiser des États-Unis (Oregon), Paul Cournoyer de l’Alberta, Le R, Mélanie Brulée et Mclean de l’Ontario, Simon Daniel du Nouveau-Brunswick, Selby Evans de la Nouvelle-Écosse, ainsi que Jonny Arsenault, Oli Laroche et Mademoizelle Philippe du Québec.
Buridane a pris son temps, elle a visité des contrées différentes, le Japon, la Russie entre autres. Elle a aussi partagé son expérience avec celles d’autres personnes qui écrivent, créent, qu’elles montent sur scène ou pas.
Attachante et dérangeante à la fois.
Elle n’a pourtant que la petite trentaine, July Collignon (à l’état civil), et elle philosophe en toute sérénité sur des sujets graves chantés avec une intensité qui transpire le réel. Dans la salle, on s’en émeut, on ne le montre pas, on a parfois la gorge qui se serre. Buridane manie la douceur et l’acide comme certains le miel et le poivre.
L’écriture de Buridane est complexe et semble n’obéir à aucune métrique. Le suspens est au coin des lignes, le mot arrive, imprévisible et chargé d’un thème nouveau qui fait rebondir le sens du propos.
Ainsi les chansons donnent à réfléchir, elles proposent comme un chantier de méditation. On s’y prête bien volontiers, tant l’artiste est authentique et généreuse. Sa voix haut placée est ornée d’une jolie fêlure qui en assure tout le charme.
Cette lyonnaise ne vient pas assez souvent à Paris, on l’a vue en compagnie de Batlik au Zèbre, au Café de la Danse en avril dernier. Son « mentor » est notre ami Olivier Boccon-Gibod, fondateur de Caravelle (transformé en Horizon depuis). Il lui a toujours fait confiance, l’a soutenue, lui a trouvé un éditeur et un label. Olivier était encore hier dans la salle de La Loge pour conforter son artiste de toujours.
Depuis « Pas Fragile » en 2012, le temps se fait long, et Buridane prépare la sortie d’un nouvel opus pour le printemps prochain. Nous avons entendu des chansons en avant-première pour la soirée Oh Taquet! et cela s’annonce prometteur. On s’en écoute un petit morceau en attendant :
Annie Claire 31.05.2016
Une réponse à “Buridane a choisi, elle chante !!”