Ce vendredi 27 octobre, dans l’Amphithéâtre au Campus Pierre et Marie Curie, a eu lieu, après plusieurs reports, la finale du Prix Georges Moustaki 2023. Depuis de longues années, je fais partie du jury, nous sommes nombreux, professionnels qui intervenons autour de la chanson d’expression française. Bref, la date était attendue par nous et par le public qui aime suivre les groupes sélectionnés par l’équipe du Prix Moustaki. La pluie était au rendez-vous aussi, ce qui est banal pour la saison, mais ne facilite pas les déplacements vers la capitale.
Justement nous avions trois bretons, qui eux n’ont pas peur des averses, sous le nom de groupe LUPO. René Bergier en est le porte voix. C’est un sympathique jeune homme décidé et optimiste, il vient de Guérande. J’avais vu le groupe en live et j’avais chroniqué leur album. Voici le clip qui résume leur poésie et leur philosophie. Rappelons que c’est un album qui est primé et pas un artiste. Lupo a concouru avec Nuits d’ailleurs.
Pour filer la métaphore météorologique, le groupe Trois vagues vient de Roubaix et a présenté l’album La Drache. C’est un couple très graphique, Perrine et Jérémie, ils font une musique pop dans l’air du temps (sans mauvais jeu de mots), voyez le clip. Ils ont remporté une programmation au Festival Découvrir de Concèze. Lucas Rocher qui dialoguait avec les candidats, cette année aussi, les a beaucoup charriés sur la longueur de leur EP, qui est riche de huit titres, ce qui est relativement rare pour un EP. Cette année, Lucas Rocher a inauguré un « Moustaki-quizz » pour tester les connaissances des candidats sur Georges Moustaki, l’artiste et son oeuvre. Quand les réponses étaient exactes, le petit plaisantin, incorrigible qu’il est, décrétait que l’information avait « fuité », c’est malin.
Ben Herbert Larue, que Lucas Rocher a trouvé drôle d’appeler BHL, est un chanteur qui récolte les honneurs partout où il passe. Très sensible artiste, il est fort apprécié. L’album Souffle(s) est habité d’une aura bien particulière, écoutez. On va le retrouver entre autres au Mans Pop Festival 2024, il a beaucoup de dates en France. A propos de souffle, j’aime beaucoup son jeu d’accordéon, ses textes sont forts et son mode d’expression authentique.
J’ai découvert le groupe Checler, et leur album Le mélange, avec le Prix Moustaki. Ils sont trois, ils font du rap, ils chantent, c’est plus pop que rock, jugez-en. Le chanteur Jérémie Checler vient d’un pays où il pleut rarement, Aix-en-Provence, je lis qu’il est prof de musique à Paris. Il a gagné le Prix des étudiants décernés par la Faculté des Lettres, programmation Sorbonne Life.
Je ne connaissais pas non plus Nicolas Tarik, cet artiste attachant parle de son positionnement par rapport à ses racines dans l’album Gibraltar. Sa voix est douce et vibrante, regardez ce beau clip Libre. Deux titres c’est court pour séduire un public et un jury, on aimerait parfois pouvoir en écouter davantage.
Vient le moment de parler BlauBird qui a eu l’avantage de commencer les auditions de cette finale, plaçant la barre assez haut pour les autres candidats. Je l’ai vue sur scène et j’ai chroniqué son album magnifique, Le ciel est partout, ici. Laure Slabiak a une voix puissante qui est l’expression d’une musique intense et profonde. Olivier Slabiak, qui est le leader des Yeux Noirs, et qui signe les arrangements de son disque, l’accompagnait au violon et c’était tout simplement magique d’assister à la communion de la voix et de l’instrument, un moment de grande émotion dans cette soirée. Voici le clip officiel. Blaubird a remporté le Prix Catalyse, une mise en avant dans le magazine FrancoFans et l’édition de ses textes par La Voix du Scribe.
Je termine par Marion Cousineau qui a remporté le Prix du Jury, cette année présidé par Jean Fauque, le Prix du Public, des programmations au P.I.C ((ex F.L.F) à Ivry et au Mans Pop Festival. C’est une artiste à part, très humaine, très présente, désarmante de naturel, avec beaucoup de finesse et un amour des autres qui est tangible et tout en son honneur. Voilà pour la femme qu’elle est, sur scène c’est pareil, très à l’aise, souriante, elle conquiert son auditoire avec des chansons bien construites, tendres, vraies. Son album, le premier s’appelle Nuances, écoutez. La voix n’est pas étudiée, elle vient du fond de l’âme. Sans à propos, mais pas tout à fait, Marion Cousineau vit depuis quinze ans à Montréal. Elle a la gentillesse de nos amis québécois. Les festivals de France se la disputent depuis quelques années, c’est vrai qu’elle vient souvent en France, pour notre grand plaisir. Nous avons besoin d’artistes comme elle qui sont simples et sans esprit de compétition. Bravo à elle pour cette réussite en finale.
Belle année pour le Prix Moustaki, merci aux organisateurs et aux bénévoles, le déroulement de la soirée a été fluide, les mécanismes sont bien rodés. Voici la palmarès officiel :
Annie Claire
29.10.2023
Merci beaucoup pour ce compte rendu détaillé. J’ai passé en tant que spectatrice une très belle soirée de finale et je me replonge dans ce descriptif avec grand plaisir.