La Pietà explore l’Amour, elle fait une recherche sur l’Amour, elle enquête sur l’Amour, elle expérimente l’Amour, c’est sa vie, c’est son oeuvre. Ça trombe bien, nous aussi, nous posons mille questions sur l’amour et nous aimons La Pietà qui donne sa voix si authentique à cette exploration si difficile, si fugace, si douloureuse qui est l’essentiel de la condition humaine. La belle chanteuse sétoise de quarante ans si charismatique cherche encore et encore, elle doute et repart, elle aime sa quête. Un disque de treize titres « L’innamorata » va sortir fin novembre. Un livre « L’être d’amour » ainsi qu’un spectacle vont s’ensuivre, La Pietà est une artiste des mots dits, des maux chantés et incarnés.
C’est une chanteuse qui côtoie le pathétique, au sens étymologique du terme, convoquant le pathos qui en grec signifie à la fois la vie et la souffrance. En cela, son chant est organique, elle s’y engage comme dans une performance, toute entière, prenant tous les risques, écorchée sans limites. J’aime ses prises de position totalement hors du consensuel, dans une démarche artistique libre. L’on retrouve cette liberté chez deux auteurs que Virginie Nourry, [son nom à l’état civil], a eu l’occasion de citer en interviews, avec moi et avec d’autres, Françoise Sagan et Virginie Despentes. Nous en avons parlé ensemble, j’ai la chance d’avoir approché La Pietà en privé et en public à diverses occasions depuis de longues années. J’ai suivi son parcours de chanteuse depuis les années 2010 et ce qui m’a plu c’est qu’elle a la rage au coeur. Jamais tiède La Pietà !! Pourtant je vous assure dans la vie c’est une femme douce qui vous regarde en face, qui vous écoute, et l’on sent qu’elle aime les autres. Elle ne cherche pas « à arriver », elle cherche à « être » pleinement dans sa qualité de femme qui cherche et qui s’exprime.
Parvenue à la quarantaine, La Pietà a toujours la foi, disons qu’elle ajoute du professionnalisme à son enthousiasme, elle devient une spécialiste des rapports humains. Tous les morceaux de l’album sont un vrai bonheur, et l’on ressent, comme souvent chez elle, plusieurs niveaux d’écoute. L’auteur se met à nu, la chanteuse slame des mots sincères, d’une voix à l’os, utilisant parfois des mots crus qui sentent le vécu « la faute à pas de cul ». Et puis la profondeur du propos est tangible sur des titres plus chantés comme Je ne pense à rien, belle mélodie, magnifique voix au grain si tendre. Dans Le monopole de la souffrance dont je mets le clip ici, la chanteuse dit « je veux tout et son contraire » et l’on se met à penser à Agnès Bihl, autre chanteuse engagée féministe qui a nos faveurs et qui traque l’amour également. Je m’appelle Virginie est un morceau brillant, un vrai slam qui déchire le coeur, comme sait aussi en faire Govrache, qui chante d’ailleurs avec elle sur J’pédale.
L’amour est violent, parfois, souvent, si on le vit avec intensité, et surtout si l’on est hypersensible. Le coeur de La Pietà est « plein de bleus », elle a reçu des coups à l’âme d’autant qu’elle est très exigeante, très en veine de qualités humaines. D’aucuns diraient qu’elle est en marge de la folie, ce n’est pas mon cas, je dirais que c’est une belle artiste qui contrôle le rail de son inspiration.
Annie Claire
20.11.2022