J’ai la très grande chance de connaître la chanteuse de Genève, Noga. En effet, je l’ai rencontrée au Festival d’ Avignon il y a quelques années et l’ai suivie ensuite dans ses concerts. Je n’ai manqué aucune de ses dates à Paris. Si Paris est une fête, Noga est une fête aussi. Son prénom veut dire splendeur en hébreu. Sur scène, comme à la ville, Noga irradie de bonheur, sa générosité est communicative.
Fin 2016, j’écrivais un article sous forme d’interview de Noga, qui est parue dans FrancoFans et que je titrais NOGA, Musique au coeur ! Car Noga est une femme solaire, qui se sert de sa voix et de sa musique pour transmettre son énergie et sa chaleur à ceux qui sont en face d’elle. Elle vous regarde droit de ses grands yeux souriants et vous enveloppe de sa bienveillance. Voici un extrait de ce que je disais en ouverture de l’article :
« Chanter, pour Noga, c’est une proposition de vie, une philosophie en action. Par la voix, le chant, le but est de toucher le public, mais aussi d’être touché, plus encore de se dévoiler et s’exprimer ensemble. Au-delà des langages, de la couleur de peau, des origines, le chant permet une voie de découverte qui rassemble de façon très directe. Avec Patrick Bebey, qui a une présence rayonnante à ses côtés et qui est partie prenante dans la création du spectacle, Noga expose sa personnalité solaire aux multiples énergies. Tous deux forment un duo d’une originalité certaine, mêlant les inspirations jazz, world, avec des chansons, des mélanges de voix et de langues qui deviennent rapidement ensorcelants. Il est impossible de résister à l’attraction éminemment humaine de cette forme d’expression qui fait de chaque concert une source d’ouverture et d’expérimentation dont on ressort heureux et grandi. »
Noga et son équipe rapprochée ont donné un concert ce mardi 13 Mars à La Boule Noire à l’occasion de la sortie de l’album Next que j’ai également eu le plaisir de chroniquer dans FrancoFans. Cet album est différent du précédent, il propose des textes de chansons écrites par des auteurs très différents. L’équipe musicale de Noga est toujours la même, le fidèle Patrick Bebey, multi-instrumentiste charismatique bien apprécié, comme son illustre père, par les amateurs de jazz. Et puis Olivier Koundouno, fameux lui aussi pour ses collaborations avec Emily Loizeau et Dick Annegarn, qui donne une couleur lumineuse aux chansons de Noga. Pour ce spectacle, comme à l’accoutumée, Noga s’accompagne sur certains titres au piano, tandis que Patrick joue (merveilleusement) de la sanza et de percussions. Sur scène, ils changent de place, se déplaçant avec grâce comme dans une chorégraphie bien ordonnée. Un nouveau clavier est apparu cette année, un porte-voix doré, une belle percussion de table sphérique et d’inspiration vraisemblablement africaine. Tout cela est riche et joyeux, ajoutant à la diversité des textes. En effet, quoi de plus varié comme inspiration qu’Alexis HK, Marie Nimier, Serge Lama, Patrice Guirao, Allain Leprest, et bien sûr l’indispensable Bettina Vernet à qui j’ai consacré un petit encadré dans la magazine Francofans. C’est Noga qui a composé les musiques de l’album, sauf le titre J’en veux qui est de Daniel Lavoie.
Noga et ses musiciens ont chanté aussi des titres des albums précédents comme Innocents ou Femme vivante, et bien sûr le fameux Stabat Mater chanté dans plusieurs langues qui est un très bel hymne à l’amour écoutable ici.
La Boule Noire était bien remplie pour cette sortie d’album, on a côtoyé un grand nombre de professionnels de la chanson et des fans de Noga qui la suivent depuis la Suisse, la Belgique, la province et bien sûr les parisiens, auxquels il faut ajouter bien sûr les admirateurs de Patrick Bebey et Olivier Koundouno. C’est en effet une vraie célébration, chaque concert de Noga et son équipe, au charisme des artistes s’ajoute une forme de spiritualité assumée. Noga chante en hébreu un psaume de minuit (sur l’album il y en a deux), Patrick Bebey redonne avec la sanza la musicalité transmise par son père, Olivier Koundouno élève les notes des modulations de son violoncelle étincelant. Il joue aussi du clavier brillamment.
En conclusion voici les mots de Noga que j’ai recueillis lors de l’entretien avec elle en 2016 :
Le premier mode d’expression, c’est la voix. J’adore improviser, parler, communiquer. Si les yeux sont l’âme des gens, je pense que la voix aussi. La voix fait passer la présence. Le passage sur scène est une exposition avec sa vulnérabilité, avec ce qu’on a de plus humain, chacun de nous. Quand je monte sur scène, c’est comme si j’avais préparé un gâteau avec beaucoup d’amour pour le partager avec le public.
Ce qui est très fort dans cette équipe musicale, c’est qu’en concert, le public perçoit un partage d’amour entre les artistes, ce qui donne une harmonie palpable. Or ce n’est pas toujours le cas pour quelqu’un comme moi qui assiste à des concerts pratiquement chaque jour.
Annie Claire 13.03.2018