Au mois de Juin 2018 j’ai eu la chance d’assister au premier concert live de « Secret Chords », le projet de Lembe Lokk avec François Puyalto et Michel Schick. L’aventure est construite autour des chansons de Leonard Cohen, c’est un beau voyage qui a beaucoup de succès. Lembe Lokk interprète avec pertinence et hardiesse quelques uns des plus titres de l’idole qui nous a quittés en novembre 2016. J’étais alors au Lion d’Or à Montréal lorsque la nouvelle de sa disparition est arrivée créant une vague d’émoi dans toute la ville et bien au delà. S’emparer des tubes de l’artiste tant aimé était chose difficile dans la mesure où tous les amateurs de musique ont en tête musique et paroles en anglais et en français de ces morceaux.
Lembe Lokk réalise ce tour de force d’impliquer sa personnalité toute entière dans l’oeuvre de L. Cohen tout en respectant l’esprit du créateur. La voix de la chanteuse est chaude et intense, son interprétation est en même poétique et sauvage, sa guitare est aussi mélodieuse que sa voix. Michel Schick ajoute avec ses clarinettes, harmonica et ukulélé des touches de mystère et de rêve autour des chansons tandis que la basse de François Puyalto se charge de la gravité des thèmes et des harmonies.
J’ai eu la bonne surprise que ce projet soit programmé par Sabine Drabowitch pour une soirée Cabarockette à Ménilmontant et j’ai ainsi pu retrouver Lembe Lokk que j’avais beaucoup suivie en 2018. Le programme est copieux, onze titres du vénéré Cohen, incluant of course Suzanne dans une magistrale version et Hallelujah, sans oublier Everybody knows, Bird on a wire ni L’étranger. L’anglais succède au français dans la voix de Lembe Lokk et son léger accent estonien pimente l’écoute. La sobriété des arrangements est bienvenue sur des titres dont l’intensité réside dans la profondeur des textes. Ainsi Leonard Cohen est respecté dans son écriture et son inspiration.
Le projet Secret Chords a bien tourné depuis 2018, jusqu’en Estuanie l’été dernier. C’est alors que le miraculeux homme de l’ombre qu’est Antoine Sahler a décidé d’éditer l’enregistrement réalisé par les artistes dans le studio de Bertrand Belin, le studio Snark à Montreuil. C’est donc avec le label Le Furieux que le disque a vu le jour et que nous pouvons l’écouter à loisir, un concert étant décidemment trop court pour les chansons de Leonard Cohen que le groupe fait revivre avec respect et originalité. On en écoute un échantillon ici. Cela vous donne envie ??
Annie Claire
23.09.2022