Mathias Billard dans Jules & Jo ©annie claire 2015
L’on retrouve avec plaisir Matthias Billard, le jeune normand installé en Belgique qui sort, seul cette fois, un premier CD « hiver(s) ». Nous le connaissions avec Julie Legait dans leur groupe Jules & Jo. Tous deux avaient remporté le Prix Georges Moustaki en 2015. Je les avais vus au Limonaire et dans divers lieux-chansons de la capitale. Ils sont plein d’humour et leur prestation est fort originale.
Dans cet album « hiver(s) », Matthias Billard fait de nouveau preuve de beaucoup d’inventivité, son mode d’expression est tout à fait inédit. Certes, l’artiste trentenaire est un comédien, un danseur, un homme de radio en même temps qu’un musicien, et ceci explique les trésors de fantaisie qu’il déploie dans ces dix morceaux à l’ambiance psychédélique. Dans un environnement sonore tour à tour radiophonique et cinématographique, il diffuse une invitation au voyage de son cru, un retour vers la nature, un appel vers une contemplation salvatrice. Avec sa voix élégante, prenante, il donne un texte assez fluide que vient perturber un ensemble de sons venus d’ailleurs, des cloches, sirènes, galops de cheval, sur un mode plutôt inquiétant parfois envoûtant. Le résultat, à l’écoute de cette richesse de composition sonore, est que l’on s’attache à cet exercice d’identification des ambiances pour retirer tout le sens profond de chaque morceau.
Matthias Billard D.R.
Matthias nous parle ainsi de sa fille, de sa maman, d’amour et de bonheur, du temps qui passe, de la politique de Pompidou en matière de progrès économique et de nécessité d’une morale de l’environnement, de son désir de mer, de forêt… le tout révélé avec une certaine urgence vis à vis de l’inexorable sablier qui est au dessus de nos têtes. L’album en effet s’appelle hiver(s), celui qui nous attend au tournant, celui qui signifie noirceur, froid et angoisse. On écoute ici le titre noir fluo dont le clip est relativement inquiétant et dont la musique est ensorcelante. C’est très réussi.
Le prochain album nous emmènera t-il au printemps sous une lumière revenue, suspense.
Annie Claire 18.11.2020