L’Amie NOUR sort un deuxième album, enfin en France, parce qu’elle n’en est pas à ses galops d’essai, ayant vécu une riche vie artistique et musicale à Genève auparavant. Je me suis même laissé dire qu’elle avait hérité d’un patrimoine musical de qualité de la part de son père, mais laissons lui ses mystères. De mystère, le belle Nour ne manque pas, elle qui se livre toute crue dans ses disques. Notre chanteuse aime les mots concrets, il semble que pour elle, ils captent mieux la poésie. C’est un véritable exercice de funambule auquel elle le livre dans son écriture, comme dans sa voix d’ailleurs, jonglant entre le prosaïsme des mots du quotidien et l’élégance de leurs assonances.
Dans la chanson Les mots crus, elle s’adjoint la belle voix suave d’Askehoug, pour nous offrir une déclaration d’amour croisée du plus original effet à base de sensualité à peine dévoilée « Je te susurre ces mots / qui coulent comme le jus d’un fruit ». L’on sent la pudeur poindre sous le flot des mots et cela est savoureux. Oui, chez Nour, tout se mange, tout se déguste. Outre le sens caché des jeux de mots omniprésents, l’on se régale de l’agile voix de la chanteuse, que j’oserais appeler voix de faîte, tant ses performances réjouissent l’oreille. Le style jazz assumé de la musique de Nour s’agrémente sur le disque de la contrebasse d’Automne Lajeat, le violon de Viviane Hélary, la guitare de Samuel Cajal, la basse, contrebasse et le trombone de Thomas Benoît, que des musiciens qui ont nos préférences. C’est de nouveau Alexis Campet qui a réalisé l’album.
Je recommande l’usage de ce disque, interne pour les neurones et externe pour les bienfaits de la pastèque et du poivron sur la peau. Il me fait penser à des films de Jean-Christophe Averty, nageant en plein surréalisme avec un souci d’esthétisme et de délicatesse. La délicatesse, voilà bien ce qui caractérise le plus à mes yeux Nour, une bien belle personne dans la vie et une chanteuse brillante qui ne finira jamais de nous surprendre.
Annie Claire
01.04.2022