Phanee de Pool D.R.
L’artiste suisse Phanee de Pool a sorti fin 2023 un troisième album Algor Ythme qui marque encore une avancée dans son chemin d’inventivité et de liberté. Je l’ai connue à Genève en 2017, elle faisait déjà beaucoup parler d’elle au Festival Voix de Fêtes, managée par son père, Laurent Diercksen, un homme aussi souriant et original que sa fille artiste. Ensemble ils ont créé Escales Records et c’est sous ce label que sortent les albums.
Phanee de Pool & Etienne Champollion ©annie claire
Voici donc douze nouveaux titres en voix parlée (« slap », entre slam et rap) et chantée, richement accompagnée de l’orchestre à cordes l’Ensemble Découvrir dirigé par Etienne Champollion, un artiste aussi intelligent que créatif, à l’instar de Fanny (le prénom de notre chanteuse à l’état civil). Voici donc le titre qui commence le CD et lui donne son nom, Algor Rythme. Vous êtes maintenant dans la bulle de Phanee, une poésie fertile en images dont il ne faut pas perdre un fil. L’écriture est audacieuse, énergique, dans un style avant-gardiste, la musique en renforce la hardiesse, l’oreille se régale.
Poster du CD ©annie claire
L’originalité se propage jusqu’à la présentation du CD, un visuel rempli de petits tableaux, une police d’écriture enfantine, mélangeant cursives et capitales avec des « o » coloriés, et en guise de livret un poster brun recto/verso avec des arabesques de mots issus de chaque titre, écrits en rose, en cercle, en bulles ou parmi des dessins extrêmement utiles pour la compréhension des textes. Le tout est très pensé et chaque détail est signifiant.
J’espère vous avoir donné envie de découvrir l’univers intéressant de cette extravagante artiste dont le parcours est atypique. Issue d’une famille aimant la musique, elle a appris le piano, saxo, clarinette, et suivi une école de jazz (ce qui s’entend dans ses compositions). Puis elle a revêtu l’uniforme de la police plusieurs années avant de revenir à la chanson.
Ainsi dans Tasse opaline, un morceau plutôt long, surgissent les notes du Nocturne n°2 de Chopin, comme quoi l’inventivité n’exclut pas le classicisme, et cette alchimie réussit bien à notre artiste qui propose là un bien bel opus.
Annie Claire
09.03.2024