Rauque et fort, le show de Fantastik K!

Le Fantastik Show s’annonce comme bâti autour de la magie, l’illusion, l’artifice. Nous en avions vu des petits extraits, mais c’est la première fois que K! le présentait dans son intégralité à un public composé en grande partie de professionnels. Il faut dire que c’est très fort, les effets se succèdent, on se laisse emporter par les images et la musique. Assisté de son légendaire Mac (qui semble toujours en train de rendre l’âme, effet de scène ou réalité ?), l’artiste exécute une musique forte et explosive qui nous engloutit malgré nous avec son énergie. On reconnait ça ou là les morceaux de son petit très grand disque, selon la version CD ou vinyle. Très fort en tout cas, je répète. Entre mes jambes a déjà fait forte impression dans le monde de la chanson. Avec cet EP, K! a déjà remporté beaucoup de victoires en 2014 et en 2015. Et puis l’on découvre de nouveaux titres, et l’on subodore qu’est en train de se préparer un nouvel opus. Pour l’heure ce qui est nouveau, c’est le spectacle.

Debout derrière son établi habillé de soies rouges qui abrite ses claviers, elle est entourée de machines étranges dont on se demande tout au long si c’est du décor ou s’ils ne vont pas par hasard s’animer. Un lampadaire prend vie, en effet, après que Karina en ait gonflé les ballons-globes qui vont se transformer en têtes chantantes et grimaçantes. C’est infernal, toutes ces machinations, une épaisse fumée s’échappe d’un tuyau vertical et enveloppe la chanteuse, dont on aperçoit le regard bleu à travers des mèches de cheveux savamment rabattues sur le visage. J’avais évoqué Sapho pour un précédent concert de K!, et là ça m’est revenu en mémoire. Nina Hagen n’est pas loin non plus.

La magie règne en maître sur le spectacle, on peut dire que rien de ce qui se passe n’est normal. Quand elle rejoint la partie jardin (normal pour du théâtre), elle surveille ses fleurs, sur lesquelles elle se met à frapper.

♪♪ Elle tape sur des fleurettes, et c’est musicien / Elle fabrique sa musique et ça nous va bien ♪♪  

Mais oui! magie, les fleurs font de la musique quand elle les tape, c’est carrément jubilatoire. Elle est très forte cette Karina d’envoyer ses textes puissants en tapant non pas sur des bambous, mais sur un parterre floral. Et là on se dit que la traficoteuse de sons est en train de nous tricoter l’entendement, elle choque et câline tout à la fois, violence et tendresse s’entremêlent, tant et si bien qu’on ne peut pas lui en vouloir de tronçonner les corps de femmes, ni même de mettre leur tête dans le lave-vaisselle, si c’est pour nous régaler de son humour noir et miel. Survient ensuite, au moment du rappel, un moment inattendu et chargé d’émotions : Karina prend son clavier et l’installe sur une table dans la salle, et c’est là, au milieu du public, qu’elle chante un hommage à David Bowie disparu la veille, Space Oddity. On est totalement sous le charme, ces instants suspendus sont vraiment magiques.

Pour prolonger la douceur de ce concert étonnant, Karina offre au public de délicieux  petits fours à son effigie. Merci Karina, tu nous as donné beaucoup de joie.

Annie Claire 13.01.2016