Sophie Le Cam semble avoir vingt ans, tant sa fraîcheur joue pour elle. De fait sa première vingtaine doit être en train de s’achever, mais qu’importe, la chanteuse est sportive, franche et pleine d’humour. Mais il ne faudrait pas que cet humour cache une écriture un peu décalée, une façon de voir le monde assez désenchantée (déjà!) et une hardiesse au dessus de la moyenne.
Comédienne de formation, la chanteuse conçoit son tour de chant comme un spectacle. Tout est construit, le déroulé ne laisse rien au hasard. Pourtant Sophie est nature, dans sa plus pure candeur à chaque tableau, même quand son jack de guitare est emmêlé dans la courroie. Au début, elle apparaît dans une tenue vintage, chemisier à motifs et large col et pantalon en velours orange patte d’eph. C’est sa façon d’incarner tous les personnages de son univers de Gens Gentils (son tube). Voici une video ici.
Elle ne se prend pas au sérieux, le naturel l’habille!! Car au deuxième tableau, après quelques notes rythmées et légères des musiciens, que l’on identifie rapidement, elle sort de scène et réapparaît immédiatement en maillot de bains, avec chaussettes et chaussures de tennis et un bonnet de bains sur la tête. Curieuse tenue pour chanter et jouer de la guitare. Qu’à cela ne tienne, la salle étant bien pourvue en objectifs de tous poils, la jeune chanteuse n’en est en rien perturbée. Assistée de deux musiciens complices (Antoine Candelot et Palem Caudilier) habillés aussi de polos serrés des années 70 et arborant également fièrement le bonnet de bains bleu canard. Elle
chante avec assurance ses textes insolents, acerbes qui croquent une société un peu ramollie.
De nouveau des notes annonciatrices de changement de tenue arrivent et Sophie revient en jupette de tennis avec deux raquettes de badminton. Elle dialogue avec le public pour savoir s’il se trouve dans la salle des personnes classées dans ce sport. Une jeune femme en effet se lève et se voit tendre la raquette. Elle est mise en demeure d’assurer quelques échanges, mais Sophie est bien plus forte… Ce n’était pas une comparse, elle a eu le sentiment d’avoir amusé la galerie à ses dépens. Tout cela est de bon aloi, frais et gentil.
Sophie revient vers la fin à une tenue plus normale, un jean noir et un tee-shirt blanc avec l’inscription L’Amour. Pendant tout ce temps, elle a joué de la guitare, du yukulélé, de l’harmonica, enchaînant les chansons et les costumes sans une once de fatigue apparente. Les prénoms lui plaisent beaucoup. Je remarque des chansons qui s’appellent, les Michel, Patrick, Margot, Lulu. La chanson La Louze est assez grinçante, elle décrit les circonstances dans la vie où ça tourne mal et où l’on n’est pas à son avantage. Jolie écriture, imagée et riche.
Je rencontre assez souvent Sophie Le Cam dans les concerts à Paris, elle est simple et nature. Elle fait la gueule quand elle n’est pas contente et sourit quand elle est enthousiaste, normale! Je l’ai vue à la Manufacture Chanson en 2016. Pour l’instant elle n’a sorti qu’un EP 5 Titres Les Gens Gentils. J’apprécie son esprit de répartie et sa présence, elle est entourée de beaucoup d’artistes.
J’ai rencontré Sophie à la SACEM, au cours d’un stage animé par Claude Lemesle. Cet article me donne envie d’aller la voir sur scène !