Et dire que j’ai failli passer à côté du premier album solo de Ludwig Brosch. On le connait comme instrumentiste, compositeur de musiques au sein de groupe comme Radiosofa ou Foray. Désormais sous le nom de Von B. [jolie allusion à Beethoven], l’artiste de Rouen est aussi auteur et chanteur. Les textes sont en français, avec une écriture profonde, poétique, intimiste et universelle, touchante. Einat Klinger et Mirjam Taütz ont participé à cette rédaction, chanté et pour Mirjam joué du violoncelle. La musique est le point fort de l’album. Ample, elle fait beaucoup plus que porter les paroles, elle imprime l’atmosphère propre à chaque titre, sachant se faire inquiétante, rassurante, rafraichissante, envoutante. C’est un peu comme la découverte du goût d’un fruit, tout en rondeur et en notes finement acidulées sucrées.
Il faut parler du phrasé de Von B. qui coule les mots dans cette musique en fusion, bien présente, tantôt en parler/chanter, seul ou en duo avec Einat Klinger [Evanoui, Zombie Walk], tantôt en chantant de sa voix de poète mature. Je ne ferai pas de comparaison, et présente plutôt pour illustrer mon propos le titre La pluie avant qu’elle tombe « Il pleut des hommes sur le trottoir / Comme des fruits un peu trop mûrs / … Les fruits s’écrasent sur le goudron / Ouvrent un cratère dans nos espoirs ». Vous allez voir qu’une fois la chanson terminée, vous aurez envie de la réécouter pour en savourer le texte. Dans un autre exercice voici le magnifique morceau Zombie Walk où un instrumental de presque 6 minutes, de riche facture électro-pop, soutient un dialogue poignant sur fond de rupture amoureuse.
Il y a de la douceur mélancolique tout au long de ces dix titres, mêlée d’espoir, pimentée de violence et d’amour. Voici pourquoi j’ai aimé ce premier disque solo de Von B. sorti à l’automne dernier.
Annie Claire
22.12.2024