Gilles Servat, chanteur emblématique du monde breton, apprécié pour ses textes poétiques et engagés, pour sa belle voix ample, vient de sortir un nouveau disque tout à fait intéressant. En effet, il produit avec trois musiciens classiques une musique organique qui prend aux tripes, sans aucune tonalité synthétique. C’est Mathilde Chevrel, au violoncelle sur le CD qui a réalisé les arrangements. Floriane Le Pottier est au violon, et Philippe Turbin à l’accordéon. Certaines chansons de Gilles Servat trouvent une solennité avec cette facture musicale très pure. Les textes forts se détachent, mis en valeur par un écrin musical sur mesure, le poète se concentre sur son chant que ne viennent troubler ni batterie, ni guitare.
Le disque s’ouvre sur Les prolétaires, chanson engagée s’il en est, renouvelée et rehaussée en intensité. J’ai personnellement un faible pour la chanson Je dors en Bretagne ce soir, que chante aussi l’ami Capart. La Paroisse de Préchi-Précha est grave. Elle évoque des affaires de femmes, comme l’on disait autrefois, des affaires de religion bien pensante, tellement hypocrite. La Blanche Hermine que tout le monde connaît est devenue la Blanche Sonatine, dans une version instrumentale d’une minute et demie. C’est beau comme une antienne musicale de cérémonie.
Gilles Servat a fêté ses cinquante années de scène, il a une vingtaine d’albums à son actif, et l’envie lui est venue d’adopter un nouveau format musical pour intéresser un public nouveau et intriguer son public de toujours. Sur ce magnifique album, l’on trouvera trois chansons nouvelles et huit anciennes tout de neuf habillées, dont Les Prolétaires que voici en écoute.
Achetez-en plusieurs, je suis sûre que dans votre famille pour les fêtes, beaucoup de personnes vont adorer cette version acoustique forte de Gilles Servat 2020.
Annie Claire 27.10.2020