J’avais à coeur de parler du dernier disque « 2 Systèmes solaires » de la poétesse chanteuse Delphine Coutant que j’ai approchée en concert plusieurs fois déjà. Originaire également de Loire Atlantique, cette artiste très originale construit son oeuvre autour de son contact avec la nature qu’elle fréquente de près. Ce sont les marais salants, Delphine se dit « cueilleuse de fleur de sel », je le raconte dans mon précédent article ici. Puis ce fut l’eau avec Le piano du lac, ou encore les arbres avec son spectacle Salé perché un concerto installé en haut d’arbres remarquables. Dans ce dernier opus, son sixième album, Delphine Coutant explore le règne minéral. Cailloux, pierres, rochers, granite, sont autant de matières qui évoquent la carrière, la montagne, et même les fossiles et la glace.
La mythologie inspire bien sûr sa verve lyrique. Ainsi Méduse Pégase et nous convoque la Gorgone Méduse, fille de la terre et de l’océan qui pétrifiait les visages, et Pégase, le cheval ailé né du sang de Méduse décapitée. Les liens entre la nature et la chanteuse sont plus idylliques « Et moi / Qui l’ai bien fréquentée / J’ai une forêt de genêts / A mes cheveux noués ». Les contrées arides font naitre La succulente, une plante gorgée de sucs qui pousse sans eau. Delphine s’y identifie ‘Je vis ma vie de succulente… / Je mets ma désinvolture, ma légèreté / Dans cette tragédie qu’est la vie ». Car l’exploratrice de l’univers cherche partout le mouvement, l’adaptation, l’essence de la vie.
La musique tient une place importante dans ce CD dans la mesure où les deux systèmes solaires du titre sont deux configurations instrumentales, un quatuor à cordes (violon, violon alto, contrebasse, violoncelle, piano) et un trio de cuivres (trompette, trombones, tuba). Quand Delphine Coutant commence à chanter Il pleut, l’on s’attend à écouter la chanson de Barbara sur ces deux premières notes, mais non le violoncelle puis la trompette suivis du piano entonnent une mélodie épurée « Un rocher en fusion / Franchit le mur du son / Il pleut, il pleut, Delphine est revenue à son point de départ, l’eau. Le feu a fait le lien avec les éléments dont elle veut nous parler avec sa délicate veine poétique. Bel album à déguster même lors d’un régime sans sel, tout le sel de la vie y est concentré.
Annie Claire
08.12.2022