Bertrand Louis « Stéréotype(s) »

Waouh !! Le 18 Avril prochain sort un nouvel opus de Bertrand Louis qui cette fois ne se cache pas derrière Muray, Baudelaire ou Verlaine. Remarquez, on aimait beaucoup ses mises en musique de textes célèbres. J’ai chroniqué « son » Baudelaire ici-même. Donc voilà, Bertrand Louis, dans Stéréotype(s) de lâche sur une caricature de la société, il en dénonce les travers, les platitudes, les incohérences, les outrances, les non-sens, la médiocrité, le tout avec un humour certain, un esprit ingénieux et irrévérencieux, voire facétieux. Le ton est très provocateur, même si Bertrand Louis parle à la première personne, en fait il fait semblant de se moquer de lui-même, comme nous devrions tous le faire quand nous acceptons de « sucer le consensus ». Le ton est parfois aussi désabusé, triste, à la Gainsbarre.

Le mal-être décrit devient progressivement angoissant avec la montée d’une grosse force de basses, batterie, nappes électro qui clôturent l’album sur le titre Zombie Zombie. C’est beau dans la douleur, c’est absurde mais addictif. Y a t-il un salut dans cet engrenage social, cette machine à tuer le sens, à anéantir les intelligences et les nuances. Rien n’est épargné, ni la politique bien sûr, ni le rôle de l’argent, du pouvoir, ni l’avenir de la planète, ce n’est pas nouveau, sans compter l’abrutissement des réseaux sociaux (et de l’alcoolisme ambiant).

Ce qui pourrait nous sauver c’est la prise de conscience de notre assujettissement, le reprise en mains de nos facultés d’analyse et de choix, et bien sûr l’affinement de notre sens de l’humour, facteur indispensable de notre salut. Tout cela est dans le disque, englobé d’une magnifique musique bien tempérée, avec une voix sensible et sûre, une drôlerie aussi détendante que  distractive. Beaucoup de génie dans ces onze morceaux qui sortent du rang des textes habituels. On s’en régale ! Tiens prenez-en un ersatz sonore en attendant le 30 Avril, le concert à la Manufacture Chanson de Paris.

Annie Claire

18.03.2025