Céline Ollivier «Grands Espaces»
12 titres 2017 Le Chant du Crocodile
Céline Ollivier met la grande voilure pour ce deuxième album sous le signe de l’insolente élégance. Quatre années après La femme à l’éventail, il semble que l’artiste ait pris son temps pour concocter ces dernières déclarations poétiques, odes à l’amour, la liberté, l’intransigeance.
Deuxième opus de Céline Ollivier, ce disque est très évocateur, doux et envoûtant, mystérieux et sensuel. C’est la voix qui s’impose, elle s’écoule, scintillante et limpide comme l’eau, en accord avec les textes fins, bien polis, frappés en juste mesure. L’écriture est tendre, intimiste, elle révèle ce que la voix dérobe, évoluant dans les hauteurs célestes.
Chansons chantées, chansons parlées, elles ont toutes un rythme à part, enveloppant parfois jusqu’à l’obsession. Traversées de l’âme, les grands espaces sont ceux de la liberté, de l’inspiration, de l’envol.
Chaque titre semble vouloir dire encore, recommençons, reprenons, dans un appétit d’intensité. Pour la peine évoque l’absurdité d’un carnage au Bataclan, lieu chargé de douleur et d’espoir raisonné. La mélodie est légère, efficace, plus prenante que prévu, se gravant dans les mémoires.
Le flot, le gouvernail, la falaise, le rouleau, le large, la vague, l’allégorie de la mer est présente dans plusieurs chansons, avec son côté mouvement spacio-temporel inéluctable, fort, agréable, mais dangereux. Les vastes espaces se traduisent aussi en couleurs (des sentiments), rouge comme les yeux, le huit de cœur, le bleu de l’horizon, le coton du ciel.
Poignante Dernière bobine qui sonne le glas des amours, l’envol, la libération «Je mets les voiles». De Gambetta à Maraîchers/ Que c’est haut chez toi, la tendre chanson évoque la solitude, l’absence, le désir.
L’exigeante et pertinente Céline Ollivier file dans ce disque une discrète élégance à laquelle elle nous a déjà habitués, elle et ses camarades en musique.
Citons Martin Gamet, Mathieu Coupat, Mell, Katel, Ambroise Boret et Alex Beaupin.
Annie Claire 6.02.2017