Corentin Coko est un drôle d’oiseau, c’est un petit malin. Il est doué, il a tout compris. Ses textes sont très pertinents, à son sujet on hésite entre ingéniosité et ingénuité. Les deux très certainement. Ce joyeux animal hyperactif est tout le temps en train de nous surprendre par la diversité des thèmes qu’il aborde avec talent. C’est un perfectionniste, ça se sent, ce qui ne l’empêche pas d’être délicat et tendre. Son dernier opus « Un nom d’oiseau » est sorti chez EPM Musique sous la forme d’un livre-disque relié, les textes des vingt titres, illustré de photos en quadrichromie, 36 pages à déguster, avec une foule d’informations sur les coulisses de la réalisation du projet. On ne se lasse pas de ce drôle d’auteur inspiré qui sait si bien s’entourer.
Sam Burguière (Les Ogres de Barback) a réalisé les arrangements, sa soeur Alice Burguière joue de la contrebasse et du violoncelle. Comme plusieurs autres artistes, ils avaient travaillé avec Coko sur son précédent disque. Les sons organiques des instruments et accessoires sont du miel pour les oreilles (et le petit coeur), ci ou là, un mot ou un rire d’enfant ponctue le texte. Tout est poignant, les paroles, les situations, l’accordéon du poète, tout sonne vrai et attachant, la putain, le marié oublieux, l’amoureux transi. Tout cela est amené avec une délicatesse teintée d’ironie, le mordant n’empêchant nullement la tendresse. Agnès Bihl, qui ne manque jamais d’humour, est convoquée en renfort sur T’es grosse, tandis que la douce Mèche donne la réplique sur Comme j’aimerais., astucieux et bienvenu !!
Les thèmes sociétaux sont traités avec un agréable second degré, capitalisme ou écologie inspirant les chansonneurs depuis pas mal de temps. Autant être original et intelligent, ce qui est l’apanage de Corentin Coko qui termine son disque par le très beau morceau rempli d’humilité poétique Laisser Partir. L’écrivain se dédouble d’un philosophe humaniste, on en redemande !!
Annie Claire
09.01.2023