Daniel JUMEAU Guerillas Urbaines

« Guerillas Urbaines » est le 4ème album de Daniel Jumeau qui se présente au prime abord comme un peu dark, un peu désespéré. la pochette est très noire, moitié de visage et main menottée au recto, Au verso, les deux mains sont menottées, mais la chaîne est brisée. Un peu d’espoir pointe peut-être. N’anticipons pas, L’homme agenouillé du premier titre est bien sombre, celui que la société a exclu et qui regarde la ville vue d’en bas, du sol., du trottoir. Le tableau des autres morceaux de vie urbaine n’est pas si terrible que ça, les aberrations des dirigeants de chaque groupe, politique ou religieux, ruinent l’espérance « dis-moi ce qui nous reste à croire« . Toutes ces descriptions sont assez violentes et les assauts de la batterie ne nous épargnent pas la tête qui risque de ne bientôt plus fonctionner dans le bon sens.

Mais il reste l’amitié, ouf ! « Tant d’émotions à partager ». Pour ce faire, une voix féminine (celle de Guylenn Delassus, qui a écrit la chanson) s’en vient aider le chanteur à tricoter de l’amitié. Le titre Rendez-vous est plus léger, on y entend revenir la liberté, la poésie, l’harmonie et même le rire, même s’il est fou. Le tout garde une teinture jazz très feutrée, assez bas-fonds. Quant à la voix de Daniel Jumeau, elle est plutôt désabusée à la Dutronc (père), caverneuse à la Bohringer (père) et scandée à la Nougaro. Chez ces trois personnages l’on retrouve le thème de la ville la nuit. « La ville la nuit a du génie« , c’est ce que pense Bohringer aussi, poète et sociologue à ses heures.

Pour parfaire l’ambiance effrayante de l’opus, la voix du chanteur est placée bien en avant, les mots sonnent comme des menaces, la musique ponctue le sentiment d’angoisse. Cette voix se veut menaçante, elle est intense, le phrasé en est oppressant. L’on ressent une belle unité dans les titres de ce disque au propos sociétal par excellence. L’atmosphère ressentie est très cinématographique, je pense à Chao Pantin par exemple. C’est triste mais c’est beau. Willie Cortès, qui réalise et signe les arrangements, l’a voulu comme cela, brillant dans sa noirceur. Propos réussi pour ce disque dont la poésie est loin d’être absente. Voyez le clip de L’homme agenouillé ici. ce n’est pas que je raffole des clips, mais il faut pour certains pouvoir visualiser les situations proposées par un chanteur.

Annie Claire

10.04.2019

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