Depoix pleine mesure

Emmanuel Depoix chante Ferré au Connétable

Aller écouter Emmanuel Depoix chanter, c’est un rendez-vous d’amour, il y a un avant et un after, forcément on se sent différent après, on se sent augmenté, rafraîchi, regaillardi. On a révisé les bons textes de Ferré, on a redécouvert des chansons cachées, on les a regardées avec le projecteur Depoix, c’est à dire avec une lucidité sans complaisance. Car Emmanuel Depoix ne fait pas que chanter, il raconte, il se livre tout entier, il se met en situation dans l’oeuvre de ses auteurs. La mère, la mer, ça lui évoque des souvenirs personnels, alors il les raconte, en situation totale.

Et lorsqu’il se met au piano, les notes coulent d’elles-même, on entre en harmonie avec la musique, une partie de la magie Depoix passe par le piano. D’autant que l’artiste sait en jouer, il apprivoise l’instrument en créant la surprise, levant les mains en l’air, tandis que la rythmique continue.

Tout en ne nous lâchant pas du regard, il se déplace, attrape un verre de blanc, puis vient toucher l’épaule des spectateurs dans la salle. « Il n’aurait fallu » chanté a cappella prend une dimension humaine forte. Depoix incarne ses textes. Son plaisir est lisible sur son visage, il transmet, il est heureux.

 

 

 

 

 

J’aime cet interprète car il travaille sur l’émotion, il augmente l’intensité des charges affectives. J’avais vu ce spectacle au Théâtre du Gymnase, j’étais sous le choc, un autre choc, en fonction de la dimension de la salle, certainement. Je l’ai revu à Barjac. C’est alors que sa prestation fut maltraitée sur un blog-chanson sans scrupule. On est humain ou on ne l’est pas. Certains d’apparence ne sont pas sensibles au style Depoix. Dans la salle hier, ce n’était pas le cas, les spectateurs étaient ravis, tant par le choix des textes que par la performance de l’interprète qui a tenu à faire une grande tablée après le concert pour que les fidèles puissent dîner en sa compagnie.

Un interprète et un auteur : la rencontre avec Hervé Annoni.

Ils se sont rencontrés depuis quelques années, Hervé Annoni est tombé sous le charme d’Emmanuel Depoix. Très amateur de beaux textes et de chansons, Hervé est poète. Il a publié plusieurs recueils de poésie. Ils ont entamé une collaboration, et c’est tout simplement qu’il a donné quelques uns de ses textes hier, s’accompagnant à la guitare. « Il n’y a pas de chanson triste », voilà qui mérite une explication poético-philosophique, car la poésie n’est jamais loin de la philosophie, surtout chez Hervé Annoni.

Le dimanche enchanté par Emmanuel Depoix va se reproduire au Connétable, un lieu où l’on est toujours bien accueilli. Emmanuel Depoix va y donner ses différents spectacles jusqu’en Juin.

Annie Claire 14.03.2016