Gribouille, comme Janis Joplin, aurait pu faire partie du club des 27. Sa vie a été intense, difficile, ardente. Elle a aimé la vie, elle avait une obsession de la mort, pour elle et son exigence extrême, sa sensibilité à fleur de peau, rien n’a été facile. EPM lui consacre un coffret de trois disques et un livre (format livret) de 56 pages. De quoi réviser le dossier Gribouille, une figure de la chanson, adulée à son époque. Née en 1941, Marie-France Gaite a su très jeune que son chemin était d’écrire et de chanter ses chansons, elle se voyait parfaitement la Brel au féminin. Elle l’a été, certes, précision de l’écriture, force de l’interprétation. Voix androgyne, physique de jeune ado, son originalité était totale. Pathétique, entière, violente, intense et intelligente, cette chanteuse était passionnée, elle racontait la vie, sa vie, avec lucidité et réalisme. Elle ne chantait pas des bluettes qui riment, elle clamait son désespoir avec talent et une force de conviction qui lui ont valu un grand fan-club en veine d’histoires vécues non frelatées racontées avec une douceur quasi volcanique.
En plus de cette identité vocale forte, et de sa personnalité sans ambages, Gribouille a séduit des professionnels de la chanson qui ont composé sur ses textes, Charles Dumont, Gérard Bourgeois, Jacques Debronckart, Georges Chelon. Beaucoup lui sont venus en aide, tellement ils reconnaissaient en elle une grande artiste, certes jeune, mais d’une maturité incroyable. Ceux qui l’on écoutée ne sont pas prêts de l’oublier, et pour les autres, Marie-Thérèse Orain, qui l’a bien connue, la chante, a écrit un livre sur elle, et perpétue sa mémoire en signant le DVD qui est dans le coffret.
Je fais partie de ceux qui ont passé des heures et des heures à écouter les chansons de Gribouille qui sont différentes, signifiantes, sans concession, je vous soumets « A ta santé, Madame« , elles sont toutes intéressantes. J’ai eu la chance en concert d’entendre Mèche interpréter « Il faudrait » s’accompagnant à la guitare. Finalement (trop) peu de chanteurs ont repris Gribouille, à part Marie-Thérèse Orain, tellement ses chansons sont personnelles. Les orchestrations datent un peu, c’était l’époque des riches accompagnements, mais finalement, cela va bien avec l’intensité des textes. Merci à EPM de faire revivre cette artiste attachante, tendre et riche qui, décédée à 27 ans, n’a pas eu la chance de vivre plus longtemps.
Annie Claire
20.06.2023
Je viens de découvrir Gribouille, je ne l’avais jamais entendue et je n’arrête pas de l’écouter, tellement c’est intense.
Quelle perte pour la chanson française de qualité et quelle tristesse que cette jeunesse passée dans des pensionnats et autres établissements coercitifs dès l’âge de quatre ans.
Elle aurait fait une grande carrière à l’instar de Barbara et de Brel.
Quelle voix, quelle personnalité, quels talents.
Elle mérite d’être découverte à nouveau.