Gervaise future New Marilyn

Gervaise vient de gagner au Prix Moustaki 2018 à la fois le Prix du Public et le Prix Catalyse. Oui mais voilà, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne-Malesherbes, le 1er Mars, elle n’avait donné que deux titres. Alors qu’à la Boule Noire ce mercredi 14 Mars 2018, elle a fait une release-party intégrale, une fête pour elle seule, à laquelle elle a invité ses amis musiciens, artistes. Deux bonnes heures de spectacle vivant, bien orchestré, élégant, joyeux et coloré.

Effeuillage Burlesque en Première Partie

Dans la plus pure tradition du cabaret, la troupe Effeuillage Burlesque est venue présenter un show musical très enlevé, effervescent, comme on n’en voit qu’à Pigalle Capitale. Très hauts en couleurs et au sommet de l’audace, les artistes ont présenté des sets d’effeuillage très applaudis. Tout l’art du genre est de proposer des postures qui, habillées ou dénudées présentent un stylisme parfait, un look tellement naturel et assumé qu’il échappe à toute éventuelle critique.

Femmes et hommes se sont prêtés au jeu de la séduction express devant un parterre ahuri, debout et non pas confortablement installé à des tables de cabaret. Musique et applaudissements aidants, l’ambiance est vite devenue enflammée, d’autant que l’on n’avait pas pris le temps de placer les plus petits devant. Dans cette foule compacte, on en voyait certains faire des sauts pour apercevoir un morceau de chair fraîche. La soirée commençait dans la joie et la bonne humeur !!

Gervaise

Elle porte un nom de cyclone et elle a le tempérament explosif, c’est Gervaise Germanique. D’une famille d’artistes, cette jeune femme a commencé à bien me plaire il y a quelques années. Je la voyais souvent en compagnie de jeunes chanteuses comme Lily Luca, Emilie Marsh, Garance, Rosie Marie… Je me souviens qu’elle était déjà demi-finaliste du Prix Moustaki édition 2015. Toujours pimpante, souriante et détendue, Gervaise a continué son chemin en sachant s’entourer des bonnes personnes. Après un premier EP « Femmes Mystère« , 7 titres en financement participatif, Gervaise a rejoint le collectif des Beaux Esprits. Le disque qu’elle sort ce printemps est un 6 titres « Humeur Vive« , plus affirmé que le précédent. C’est que Gervaise a progressé en assurance, à l’heure actuelle on a l’impression que rien ne l’arrête et qu’elle ne se pose pas de limites à son ambition artistique.

Dans un climat de paillettes

Bonne guitariste, la chanteuse sait aussi poser son instrument pour se présenter face à son public avec une gestuelle qui sait se faire tour à tour démonstrative ou posée. Rien n’est laissé au hasard dans son spectacle, l’on sent l’artiste exigeante avec ses partenaires musiciens comme avec elle-même. A la guitare, l’on retrouve à ses côtés Olivier Legall, qui joue aussi avec d’autres chanteuses comme Karen Lano, et Stéphane Mugnier à la basse. Tous deux ont des blousons à paillettes, comme le rouge à lèvres de la chanteuse et sa tenue de scène surbrodée et scintillante. Des paillettes et des confettis, Gervaise  en a envoyé sur le public, en dégoupillant, (avec un peu de difficulté) une bombe de fête. C’était une ambiance festive en effet, une soirée où tout est permis, jusqu’à l’embrasement d’une rose tenue à bout de bras. L’emblème de la chanteuse, la rose, s’est alors transformé en brandon de lumière, un effet spécial bien amusant.

Histoires de femmes

Et si on parlait du contenu, du propos des chansons de Gervaise. L’artiste se montre engagée dans la cause des femmes, enragée même, sans jamais se montrer militante aveuglée. Dans son long parcours de femme, 27 ans, elle a croisé différentes facettes de la femme, la femme enfant, la femme femme, la femme mère, la femme vieillissante, la femme mystère en un mot. On dirait que c’est son champ d’exploration, d’ailleurs les hommes sont partie prenante de sa recherche, Gervaise ne disconvient pas qu’eux aussi ont leur part d’ombre. Si sa voix est soyeuse et ample, le ton est incisif, mais sans présomption, l’humour se marie avec la gravité, comme souvent chez les femmes de grande classe. De la classe, notre artiste n’en manque pas, son écriture est riche et juste. Et puis elle a parachevé des études de musicologie avant de s’adonner complètement à la chanson. Elle a également travaillé son expression vocale, principalement auprès de sa maman qui lui a toujours fait confiance. J’ai discuté avec elle d’ailleurs après le spectacle, elle me disait que Gervaise avait un sens inné de l’effort et qu’elle était extrêmement travailleuse. Chapeau Madame !!

Ses lauriers du Prix Moustaki sont une belle reconnaissance de son travail, de ses belles couleurs artistiques. Ils vont lui permettre d’assurer ses ambitions musicales, théâtrales et peut-être cinématographiques, sait-on jamais !! La nouvelle Marilyn, peut-être … si décalée et si actuelle !!

Annie Claire 14.03.2018