
Yahel D.R.
Chanteuse nancéenne, Hayel a présenté au public ce printemps son premier album de neuf titres, autoproduit, « La nuit polaire« . Ce disque est attachant, l’artiste s’y livre tout entière, avec ses états d’âme de femme qui sublime les phases de sa bipolarité. Le propos n’est jamais pesant, l’écriture est habile, allégorique, poétique. Son ami musicien Sacha Ridolfi-Matte a réalisé le CD, il y joue du yukulélé. La musique est délicate, elle suggère des atmosphères tour à tour euphorisantes ou désabusées. Sarah Tanguy excelle au violoncelle, spécialement présent dans Chambre blanche.
Ce qui accroche l’écoute, ce sont aussi les amplitudes de la voix de l’artiste qui se déploie spécialement sur certains titres comme Partage qui est un morceau phare dans l’album, éclairant le sens de l’opus et portant l’attention à son apogée. Cette voix organique, chargée de douceur et de force se marie avec la guitare folk de la chanteuse pour ces ballades-voyages bien attirants. Je ne suis pas étonnée de lire que Hayel vénère la chanteuse Joan Baez.
Les textes aussi nous interpellent, quand on sait que La nuit polaire symbolise une période de six mois de dépression de l’artiste, l’on y est spécialement attentif. L’expression est subtile, laissant émerger la lumière qui point du fond des affres de la solitude, de l’ennui, de l’hiver. Le soleil n’est jamais loin, l’émotion saura se faire vive, vivante comme une Pluie d’été. L’enfance n’est jamais loin non plus, ramenant une note de légèreté qui prend place après les chemins noirs. Le vibrato de la chanteuse nous emporte au vent avec délectation dans ce titre Pluie. Laissons nous emporter par ce disque trop court qui mérite une attention particulière.
Annie Claire
28.05.2025