KARIN CLERQ La Boite de Pandore

PARTIE, cette chanteuse belge bien connue s’est éloignée des voies tracées avec son label précédent. Et la voici qui avance vers un ailleurs désormais décapsulé, un univers de rock, d’affrontements, de découvertes. Ce quatrième album « La Boite de Pandore » qui arrive neuf ans après « La vie Buissonnière », marque un changement de cap pour l’artiste qui, semble t-il, n’a pas perdu de temps en chemin. La longue belge blonde se transforme en femme brune et plus mûre, tandis que continuent à éclore tous ses atouts, la voix, précise et évocatrice, l’écriture inspirée et le talent de s’entourer de valeurs sûres.

ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR. Dans ce morceau, Karin Clerq se montre plus que vivante. Si ses thèmes de prédilection ont longtemps été les relations de couple, dans cet opus, il semble qu’elle se concentre sur des questions plus existentielles. Cela devient grave, la musique le ponctue de ses martèlements répétés, Alfred de Musset dans le texte est tout à fait en phase avec ce rock déchiré que nous chante Karin. La chanteuse aime les belles lettres et nous en fait profiter. Un second texte de Musset est chanté de façon plus apaisée, philosophie et poésie obligent : Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble / Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.

J’AVANCE, voici une assertion qui nous fait penser d’emblée à Barbara qui disait « J’ai peur, mais j’avance ». Ce premier titre installe une musicalité assurée et légère. Est-ce dû à la collaboration avec Alice Vande Voorde sur la composition des musiques du disque, certainement pour partie, car Emmanuel Delcourt a excellé aux arrangements. Le thème de la chanson est pourtant grave, l’épopée des migrants. J’avance vers une autre existence, les cordes s’envolent vers l’avenir avec espoir. La musique prend en effet une belle part, avec les soutiens de voix féminines et le duo avec Sacha Toorop.

ANTIGONE, La Boite de Pandore, sur un précédent album Kassandre, Karin Clerq est décidément intéressée par la mythologie grecque. C’est sûr que tout a été pensé, analysé, écrit, poétisé chez les auteurs de l’antiquité. les thèmes de la condition humaine sont éternels. Toute la symbolique sont la mythologie est friande permet de faire resurgir des valeurs puissantes, comme l’espoir, dans La Boite de Pandore. Tout cela reste léger, et Karin sait faire appel à d’autres auteurs comme Bashung, dont elle reprend de façon délicate Madame Rêve.

FEMME VIVANTE, c’est comme cela que Karin Clerq nous apparaît dans cet album qui parle de féminitude, de condition de la femme socialement, rejoignant sur ce thème son aînée Anne Sylvestre. Le titre Presque une femme nous fait vraiment penser à cette auteure chanteuse. Le ton est enfantin, mais reste percutant, les mots sont choisis avec tact. Les voix de femmes du duo Faon Faon s’unissent pour cette comptine des temps modernes qui évoque la condition d’une jeune fille d’un autre siècle. Karin Clerq, comédienne, Karin Clerq chanteuse et musicienne, une valeur reconnue bien au delà des belges frontières.

Il est doux d’en écouter déjà un morceau ici.

Annie Claire 18.09.2018

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