Qui dit fin d’été, dit septembre. Logiquement le fil conducteur de la douce mélancolie de Samir Barris passe par une reprise de la chanson Septembre (écrite par Sophie Mackno et chantée par Barbara). Cette interprétation est plutôt lente et emprunte d’un désespoir que l’on ne trouve pas dans celle de Barbara, assez enjouée et recelant un soupçon salutaire d’humour. Bref (comme dirait cette chanteuse), Samir Barris est dans une vague de spleen, après sa période de création pour la jeunesse (Ici Baba), il a été amené à chanter les poètes dans les écoles. Ce fut pour lui l’occasion de construire un album sur la poésie classique, Pierre de Ronsard, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Rutebeuf, Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine.
Quatre titres sur treize sont de son écriture, cinq de sa musique. Voici donc le troisième album solo « Fin d’été » de ce chanteur bruxellois qui a opéré auparavant dans la groupe Melon Galia. Je le découvre avec cet album à la lueur de la reprise de Septembre, chacun sait que Barbara est mon fil conducteur à moi. J’ai particulièrement aimé Demain dès l’aube, que d’autres chanteurs de ma connaissance ont mis en musique aussi, et que nous avons tous récité sur les bancs de l’école. J’y ai retrouvé ce que j’avais compris de Victor Hugo, son émotion, sa gravité dans ce voyage solennel. Quant à la Complainte de Rutebeuf, les mots sont donnés de façon moins grandiloquente (Dieu merci) que Léo Ferré, mais les temps changent…
Le thème retenu par Samir Barris pour ses textes est la fuite du temps, la vieillesse qui s’annonce, la perspective de la disparition. Heureusement, la musique est là pour compenser la chute d’humeur qui s’en vient à l’écoute du CD, inexorablement. Nous entendons des guitares, des violons (bien sûr), une contrebasse (Nicolas Yates) mais aussi un trombone. Le titre Brise marine sur un poème de Mallarmé présente une très belle musique, assez triste, mais riche et longue. Sur « Sous les arbres profonds » texte tiré des contemplations (V. Hugo) un air de jazz s’envole (mais oui) et annonçant tout doucement la fin de l’album. Le dernier morceau de Samir Barris « Les mots retrouvés » n’est pas d’une folle gaieté, ni doté d’une mélodie guillerette, mais on y entend « un vent de folie » qui laisse tout espérer pour la suite…
Le disque sort en Septembre (bien sûr), alors bonnes vacances !! écoutez ce titre.
Annie Claire 17.07.2019