Cela faisait un moment que je n’avais pas vu Pierre Mourles, alias Sangue dont j’ai souvent parlé sur Facebook et ici. Normal, après deux années blanches de spectacles, merci covid, les artistes sont restés terrés dans leurs chaumières respectives, ils ont travaillé en silence, créé, et beaucoup de nouveautés voient le jour actuellement. Pierre a donc attiré mon attention sur son nouveau CD Empeureur qui va sortir le 15 Mars sous le label Prolifix. Le jeune homme est énigmatique, si vous avez lu mon précédent article ici, vous avez compris que j’aimais beaucoup son mystère qui est une forme d’expression et de concentration. En fait, il incarne sa création musicale qui passe par des textes chantés, rappés ou slamés mais aussi des sons, des vibrations, de résonances, des chocs de matières, n’hésitant pas à convoquer la dissonance.
Sangue D.R.
Toujours bien sûr avec son accordéon et sa voix étrange qui passe du lugubre au serein, le chanteur continue de dérouter l’auditeur. D’autant que désormais, Sangue est plusieurs. Nicklaus Rohrbach est aux synthés, Thimothée Guiffan est à la batterie. Le groupe est bien rodé avec des concerts fréquents. La musique est avant-gardiste, elle se déstructure puis se rassemble en l’absence de mélodie prévisible, sans garde-fou couplet/refrain. Voyez ce clip Laissez-moi danser, titre grave qui porte l’intention du chanteur, par ailleurs adepte de la danse contemporaine. D’ailleurs dans Empeureur, nous comprenons peur, mais double-sens comme les aime Sangue, nous percevons le monarque absolu privateur de libertés. La société nous enferme dans nos peurs, la musique de Sangue dénonce cette machinerie. Sur la dernière piste Les grands espaces, la musique ample déroule un désir de se libérer et de redevenir maîtres de notre destin. Le message est fort. Je reparlerai de ce disque quand le CD me sera parvenu et quand peut-être j’aurais vu ce groupe en concert de sortie d’album.
Annie claire
06.03.2023