Le groupe de musique traditionnelle, de folk alternatif, Mes Souliers sont Rouges, alias MMSR, sort son 7ème album ce printemps « Ce qui nous lie ». Le groupe « trad » mythique a commencé en 1991 dans un esprit de sauvegarde du patrimoine musical local. Leur succès fut phénoménal tout de suite et ils ont battu des records de vente d’albums. Leur chant choral très mélodieux allié au son des instruments traditionnels a su créer une musique tonique qui parle à chacun car elle reprend les répertoires des générations précédentes. Ce fut à l’origine celui des cajuns, québécois, acadiens et irlandais, c’est, avec cet album, celui de la Normandie, avec le concours de l’association La Loure.
Les chansons de l’époque étaient très descriptives, souvent pleines d’humour, il s’agissait parfois de chansons à réponse. D’où le côté très coloré des textes et bien enlevé de la musique. Ces morceaux se perpétuaient par la tradition orale dans les familles et étaient synonymes de fête, de temps passés ensemble, de partages autour de repas et de chansons. La démarche du groupe, un peu à contre-courant de celle des formations de musique actuelles, consiste à perpétuer ces coutumes de chant vocal pour ne pas laisser s’éteindre le patrimoine musical local. Un certain Yvon Davy, de l’association La Louve, basée à Vire en Normandie a initié une recherche pour collecter les chansons locales. La Barbière, Le Curé d’Argentan, Fille d’Honneur sont des titres qui parlent, qui suggèrent tout un pan d’histoire. On y retrouve une description sociologique des moeurs de l’époque avec une truculence de bon aloi.
Au début de l’album l’on trouve un titre venu des bords du Lac Supérieur dans le Michigan, mais en français Non que je t’aime tant. On est tout de suite dans l’ambiance conviviale, il est question de table, de boisson et le rythme est très dansant. En fin de disque, l’on ré-entend un titre emblématique de MSSR, Le bout du banc, qui est repris a cappella, c’est dire si l’on perçoit bien la musicalité de l’ensemble vocal. La bonhomie de la tradition d’antan favorisait les liaisons certes euphoniques mais peu en accord avec une grammaire de puriste. Les chanteurs les ont gardées, cela a un charme fou. Ces artistes, citons-les, il s’agit de Gullivan et Deny Lefrançois de l’équipe d’origine, Simon Leterrier accordéoniste, Kacky Beaucé, Efflam Labeyrie. Autre survivance du passé, les musiciens font de la podorythmie, autrement dit ils frappent du pied en chantant. Quant aux instruments, nous entendons la mandoline pour mon plus grand bonheur, le violon, la flûte, la cornemuse irlandaise, guitares et banjos, plus une contrebasse.
Si les arrangements vocaux auxquels le groupe a habitué son public sont toujours aussi soignés, l’accent est aussi mis sur les moments instrumentaux du disque qui sont des respirations de choix dans l’attention que nous portons aux paroles. Il y en a trois et c’est un bonheur que d’entendre ces instruments dans des morceaux inédits composés par les nouveaux musiciens du groupe. J’ai bien hâte de voir ce groupe en live. Vous allez voir toute l’ énergie qui’il dégage en regardant ce clip.
Annie Claire 06.03.2019