Benoît Gallot « La vie secrète d’un cimetière » Ed. Les Arènes

Benoît Gallot D.R.

Mes Chers Lecteurs de Mandolino, vous savez combien je suis sensible à l’écriture, à la beauté du style d’un ouvrage. Aujourd’hui, je vais vous parler d’un livre qui m’a enchantée, qui parle d’un monde grave, mais pas de façon lugubre. C’est celui de Benoît Gallot qui est désormais le Conservateur du Cimetière du Père-Lachaise, « La vie secrète d’un cimetière » paru en cette fin d’année 2022 aux Editions Les Arènes.  Ce livre est très vivant, très intéressant, et moi qui demeure à proximité immédiate du Père-Lachaise, j’y ai appris beaucoup de choses, bien que je m’y rende très souvent depuis des décennies pour y faire des photos ou pour simplement rencontrer des connaissances lors d’obsèques dont je réalise les reportages. Donc voici 335 pages très bien écrites, qui se lisent comme un roman et qui recèlent un nombre impressionnant de détails utiles à chacun concernant les rituels autour de la mort, la symbolique de l’art funéraire, et aussi plein de particularités du Père-Lachaise, ses oiseaux, ses renardeaux, ses fouines, ses ruches et bien sûr ses nombreux chats.

Je l’ai aussi souvent écrit, le Père-Lachaise a beau être un cimetière, en fait c’est le plus grand espace vert de Paris, après les Bois de Vincennes et de Boulogne, l’on s’y sent comme dans une forêt, particulièrement dans sa partie ancienne. Ainsi lorsque je rentre d’une ballade dans ce qu’entre nous appelons volontiers le P.L., je ne suis pas abattue, bien au contraire je suis ragaillardie, ayant appris des nouvelles informations ou vu des situations insolites, il n’est pas rare que je discute avec des habitués. C’est pour ces raisons que je me suis sentie de plain pied avec Benoît Gallot, toutes proportions gardées, ses fonctions lui permettant de voir le fonctionnement de cette cité des morts de l’intérieur. Ce jeune quarantenaire fait preuve d’ouverture d’esprit et d’humour, toutes qualités appréciables dans la vie courante, mais aussi de curiosité professionnelle doublée d’un fort attachement aux détails, ces détails justement qui font la réalité et la justesse d’une circonstance. Pour moi la beauté (et non le diable) se cache dans les détails. A propos de diable, l’auteur se montre extrêmement neutre en ne jugeant jamais les comportements sociaux ou religieux des familles, ce qui est tout en son honneur.

Dans ces 43,2 hectares de terrain, escarpés dans la partie historique ou plus plans dans la partie neuve, le Père-Lachaise abrite 70.000 sépultures (sans compter les cases du columbarium). Benoît Gallot nous fait remarquer que c’est à peu près la surface du Vatican, ce qui parle bien mieux qu’un chiffre, et quant au nombre d’habitants, alors là, comme l’on dit, il n’a pas pas photo. Bref si vous voulez savoir combien coûte un emplacement, combien le Père-Lachaise réalise d’inhumations et de crémations par an, alors tout y est, dans des encadrés techniques, Benoît Gallot sans tabou décrit son métier de conservateur au quotidien (voici une video) et celui de tous les corps de métier qui oeuvrent au sein du Père-Lachaise. Les anecdotes fourmillent, toutes pleines de vie et l’on sent un auteur sensible aux humains, à la nature, à la sculpture, à l’architecture et qui a réalisé un énorme travail de documentation depuis sa nomination le 1er Août 2018. Vous n’y verrez pas de photos de tombes, mais de magnifiques photos de renardeaux et d’oiseaux en tous genre. Etonnez-vous, lisez Benoît Gallot !!

Annie Claire

01.01.2023