Comme un ouragan tempétueux, ce troisième opus du Duo Sève est salvateur. Il apporte la fougue et la violence du déchaînement des éléments, et après cela, malgré cela, il convoque la réalité de nos corps et de nos âmes. Sur les corps passe le temps, inéluctable, mais nos âmes sont immortelles. A travers une écriture d’une fracassante modernité nous ressentons en nous la poésie en liberté de ce duo. C’est un « dark dream » ce premier temps d’écoute des dix plages de ce CD, comme un électrochoc musical, suivi d’une phase d’apaisement où l’humain reprend ses droits, le miracle de l’amour, les rêves, la naissance du jour, la saveur du hasard.
J’avais chroniqué pour le magazine FrancoFans le dernier CD du Duo Sève « Hôtel des Chimères » en 2015 et j’avais apprécié le mode d’expression de ce groupe bien singulier. La chanteuse, Fanny Milcent, a une voix étrange et chatoyante, le violoncelliste, Jean-Christophe Ginez est inspiré. Leur musique revêt un caractère de libre spiritualité. Les morceaux sont assez longs et permettent ainsi de ressentir la transe dans laquelle voix et violoncelle nous envoient. Répétitions, incantations, de la voix et des cordes nous envoûtent totalement. Les textes, pour surréalistes qu’ils soient n’en sont pas moins parlants. La métaphore de la maison en ruine sous des arbres tordus de la première chanson Goûter le jour donne le thème de l’album. Après la fureur des éléments, l’eau, le vent, la terre, le ciel, Je veux… vivre sereine encore longtemps, et des étés arboricoles goûter le jour, vivre à pleine dents, le ton est donné, sachons savourer la vie. On s’apaise avec ce titre Fermer les yeux vraiment magique de simplicité.
Liberté et philosophie triomphent de la dérive des mondes, aucune leçon ne nous est donnée, ce disque important nous fait vivre l’expérience du danger, habilement, artistiquement. Merci pour ce voyage intérieur.
Annie Claire 13.03.2021
Je mets ici l’article que j’ai écrit sur la précédent opus « Hôtel des Chimères »
Deux artistes et un violoncelle, une même sève, voici le projet de ce duo. Ce deuxième album est très singulier, à la fois intense et chargé de mille émotions. La voix de Fanny Milcent est surprenante et sa façon de chanter est surréaliste. C’est elle qui écrit, elle co-compose avec Jean-Christophe Ginez, son acolyte musicien Sève Duo L’Hôtel des Chimères Autoproduit violoncelliste expert de la loopstation. Son jeu avec l’instrument donne «mille brisures» du son qui entraînent un effet lancinant, haletant et fantasmagorique. Cette dynamique folle est renvoyée par la chanteuse hors sentiers battus, qui joue totalement avec sa voix et qui n’est pas sans nous évoquer la libre Brigitte Fontaine. D’ailleurs ses textes sont sauvages, parfois féroces, souvent poétiques, fortement imagés et plein d’humour. Ils parlent de la nature, de la solitude et des paradoxes de la vie. Tout cela tourne/vire, allusion aux deux villes des deux artistes Tours et Vire. La reprise finale de Blue Hôtel (Chris Isaak) est savoureuse.
http://www.groupe-seve.fr/
Merci infiniment Annie Claire pour votre décryptage de notre album. Nous sommes très très touchés. C’est d’ailleurs la toute première chronique de L’eau rage, à notre connaissance. Et nous l’avions été déjà pour votre regard très sensible sur L’hôtel des chimères, alors merci aussi de votre curiosité, de votre suivi des artistes. La profondeur de vos mots nous réchauffe le cœur. Bien à vous.
Cette chronique donne une envie, glisser le CD dans le lecteur, s’asseoir tranquillement, fermer les yeux ou pas et se laisser aller. j’ai la chance d’avoir le CD , je me permets une pause de temps en temps, pour partir en voyage avec l’eau rage.
Merci