Festival PAUSE GUITARE (3) Prix Magyd Cherfi

Cette année, le Prix des Découvertes porte le nom de Prix Magyd Cherfi. C’est la décision du comité de pilotage d’Arpèges & Trémolos, l’association qui gère le festival. Il aurait pu s’appeler Léo Ferré ou Catherine Ringer, mais non…  Nous avons donc assisté à la performance des artistes en lice, c’était à l’Athanor, il faisait très chaud, et il y avait huit groupes à écouter, observer, voire pour moi, photographier, sans parler de la prise de notes.

C’est donc le Sieur Govrache qui a commencé, ayant envoyé par dessus les moulins, chapeau, casquette, sweatshirt et même instruments de musique. Le voilà seul en scène, avec une chemise blanche sobre et les cheveux retenus. Seul avec sa poésie, seul avec son slam, concentré et donnant le meilleur de son texte qu’il maîtrise en bouche, une bouche qui va au coeur de l’auditoire. Il a donc commencé par L’Homme Trottoir et le public était déjà dans la poche. Pas un bruit dans la salle, les gens étaient suspendus à ses lèvres. Il nous a parlé de l’alcool du poète, et puis de sa femme. Enfin LA femme, avec de jolies tournures comme il en a le secret « Sage-femme de mes sourires », ou quand elle ouvre son corsage, son corps sage. Je ne raconte pas tout, mais tout était délectable, comme le slam sur la récitation à l’école Le Dormeur du Val. Apothéose pour Le bout de la table, une poétique histoire de famille qui parle à tous les âges et de tous les âges dans la famille. Avec une grande économie de gestes, impassible, avec émotion, Govrache a donné le meilleur de son art, de son écriture et le public a perçu plein pot cette forme d’expression que l’on sentait totalement sous contrôle.

Difficile après un pareil recueillement de passer à une autre forme d’écoute,

Les Poules à Colin ©annie claire

mais Les Poules à Colin ont su nous détendre et nous intéresser à leur musique québécoise mi traditionnelle mi post moderne. Comme ils sont cinq (bons) musiciens jeunes, ils séduisent bien par leur énergie et leur fraîcheur. Ca nous change de nos jeunes idoles neurasthéniques propulsés par des labels que l’on dirait acoquinés avec des marchands de pilules. Bref j’aime ces Poules là, je les ai aimées depuis plusieurs années, quand je les ai vues an Acadie pour la première fois en 2015. Ils jouent de plein d’instruments, c’est un régal!

Ivan Tirtiaux a davantage monopolisé nos capacités d’attention aux textes. Ce chanteur vient de Wallonie-Bruxelles. Je ne l’ai pas souvent entendu, il fait battre sa guitare au rythme de son coeur, c’est à dire plutôt lentement, poésie oblige! La mélodie est un peu en reste.

Sandor ©annie claire

Les Suisses nous ont envoyé Sandor, que j’avais déjà vue à Montréal. Cette jeune chanteuse suisse nouvelle vague développe un aspect étrange et même mystérieux avec sa voix grave et ses sonorités années disco. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris en fait. J’y reviendrai.

Connie & Blyde ©annie claire

Ensuite parlons du groupe Connie & Blyde qui présente une forme d’expression nouvelle, une contrebasse et la voix féminine (de Caroline Sentis) comme une incantation, le tout très épuré, très peu chanté mais profond et prenant comme une prière. Bruno Ducret tapote bois et cordes en légèreté, laissant la voix s’exprimer. J’ai retenu des applaudissements très nourris qui faisaient plaisir à entendre s’exprimer.

Michel & Yvette ©annie claire

Ensuite venait un groupe local, de Montpellier, Michel & Yvette, un couple décalé avec accordéon et yukulélé, jouant sur le burlesque. Ils ont un côté graphique, soignant leur look, jupe jaune, chemise rouge, rythmes d’antan et dansants, gouaille et voix graves. Aude et Arnaud ne se prennent pas au sérieux et ça fait du bien.

Dani Terreur ©annie claire

Ah! Voici Dani Terreur, le jeune surdoué, maniant en même temps tous les instruments d’un orchestre à lui tout seul. Maîtrisant guitare, claviers, machines, pédales, le jeune chanteur, a beaucoup plu à ma voisine de fauteuil, alors qu’il m’a laissée totalement perplexe. Il faudra que j’aille l’écouter une autre fois, au moins, pour tout saisir. Comme il a reçu le Pic d’Argent 2017, je me dis que je ferais bien de m’appliquer.

Mal Armé ©annie claire

Le groupe Mal Armé, c’est de la poésie qui prend aux tripes, assez baudelairienne en fait, tristesse et beauté en quelque sorte.Ces quatre garçons  travaillent une atmosphère angoissante, impressionnante, cataclysmique. Le chanteur Hugo Benin, est assez hiératique, il distille les mots ponctués par la batterie. La guitare électrique lui répond, ça joue bien, ça joue fort. Belle prestation pour ce groupe qui a dû attendre la fin pour se faire entendre, voire écouter.

L’on peut percevoir à mes mots quel aurait pu être mon palmarès, j’ai voté en tant que professionnelle, ayant vu tous les groupes. Alors voilà, vous le savez, Govrache n’a pas trop laissé de place pour des honneurs aux autres groupes. Il a remporté le Prix du Public et celui des Pros. Les Poules à Colin ont remporté le Prix de la Dépêche du Midi qui va leur donner une couverture pour leurs événements à venir.

Nous avons félicité les artistes dehors à l’Espace Al’Beach autour d’un apéro bien mérité, ce fut une belle édition variée et colorée.

Annie Claire 13.07.2018

 

 

 

 

 

 

 

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