Festival DécOUVRIR de Concèze 2015
Je suis depuis de longues années le Festival Découvrir de Concèze, qui a un charme certain, car il se passe en milieu rural, dans une région fort belle, dont les habitants sont très chaleureux. C’est chaque fois une programmation dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est hétéroclite en apparence, mais en réalité savamment dosée et concoctée par son directeur artistique Matthias Vincenot. Donc à la découverte du programme de l’année s’ajoutait cette fois des changements dans le déroulement des différents événements.
Première innovation, et de taille, c’est la multiplicité des lieux. Ainsi, pour la première fois, le lancement du Festival a eu lieu sur les terrasses du Château de Pompadour. Plusieurs centaines de festivaliers ont pu suivre dans le cadre prestigieux de cette enceinte patrimoniale une dizaine d’artistes sur une grande scène de plein air, accompagnés pour la plupart de l’Ensemble Découvrir dirigé par Etienne Champolion.
La ville Tulle a été choisie pour la deuxième soirée de Poésie et Chansons. Les surprises du temps se sont ajoutées, et la soirée a eu lieu Salle Latreille, dans le cadre de leurs Jeudis de l’étéavec une assistance très fournie. Autre lieu, autre horaire, Juillac à 16h. Ce dimanche-là, il faisait très beau, et la salle des fêtes de la mairie a presque manqué de chaises pour accueillir tous les participants artistes et spectateurs.
Il faut relater un concert de l’après-midi, qui a lieu traditionnellement chaque année le 15 Août à 15 heures, sous le mail couvert devant l’auberge de Concèze. Il est destiné aux résidents des communes environnantes qui ne pourraient se déplacer en soirée à cause de l’heure parfois tardive. Cette année, Céline Caussimon est venue chanter une chanson inédite et drolatique.
Laura Flane, ainsi que Inès Desorages, avec beaucoup de fraîcheur, ont elles aussi chanté et été remarquées.
Il faut parler également, parmi les nouveautés, cette année une exposition de photographies sur la Corrèze de Marie Mercier dans la salle du Foyer Rural, une exposition sur l’ardoise à la mairie, et une autre sur les miniatures bois d’un artiste local Rémi Laverdet, présentée par Christian Veyne.
Pour chaque édition du Festival, Matthias Vincenot, créateur et directeur artistique, propose un cocktail d’artistes, des poètes, des comédiens et des chanteurs de toutes générations. Cette année, nous avons eu la surprise de voir se côtoyer dans la programmation Jean-Jacques Debout et Jules Nectar, Caroline Loeb et Pomme , Michaël Lonsdale et Alma Forrer, François Rollin et Clarika. C’est toute la magie de Matthias Vincenot que d’organiser ces rencontres improbables qui font des soirées si originales et ô combien savoureuses.
De façon unanime, Hervé Annoni est le poète qui a le plus ému l’assistance. On l’a découvert à Juillac, il a donné certains de ses textes, et surtout expliqué sa démarche de vie en tant qu’homme, entrepreneur et poète. On l’a revu et côtoyé à Concèze, où il était de nouveau sur scène le 17 Août. Et puis aussi Michaël Lonsdale, que nous aimons depuis longtemps, nous a surpris avec son look à la Léonard de Vinci (et pour cause, je réserve le scoop pour plus tard). Dans un spectacle sur Charles Péguy, avec son comparse Pierre Fesquet, il était accompagné par l’Ensemble Découvrir, grands moments!
Jean-Jacques Debout était très attendu par le public. Il est arrivé, fidèle à son image, veste croisée et chemise blanche. Il a évoqué ses souvenirs en Corrèze, notamment avec l’orchestre de Michel Debernard. Il a raconté des anecdotes sur tous les grands chanteurs avec qui il a travaillé, Barbara (onze chansons ensemble), Gréco, Gainsbourg, Brel, Johnny et Sylvie, Brialy, Joséphine Baker. Il a chanté bien sûr Les boutons dorés et a ainsi pu vérifier le haut niveau de sa côte de popularité.
Bernard Menez, quant à lui, a fait montre tout au long du festival (il était sur scène le premier jour à Pompadour, puis à Tulle) de gentillesse et de talent. Il nous a bien surpris dans son répertoire de chansons le 15 Août au Foyer Rural, lui aussi accompagné par l’Ensemble dirigé par Etienne Champollion. Bernard Menez avait été séduit quelques jours auparavant par la jeune Inès Desorages, (tout comme nous d’ailleurs) et c’est en toute simplicité qu’il lui a demandé de venir chanter sur son plateau Ballade en novembre d’Anne Vanderlove. Il l’a lui-même accompagnée au piano, l’attention était bien soutenue.
Puisque j’évoque les partages, parlons deClarika, qui a offert une prestation d’une rare densité, bien émouvante d’un bout à l’autre. Elle aussi a invité une jeune chanteuse sur sa scène, en la personne d’Emilie Marsh, la chouchoute de Concèze. Elles ont chanté ensemble Les hommes dans les vestiaires, inoubliable duo, bien orchestré! J’ai rédigé un long article dans le dernier numéro de FrancoFans sur Emilie Marsh. Chanson à deux également, mais moins inattendue pour Alma Forrer et Baptiste W Hamon dans leur Peut-être que nous serions heureux. Et puis la belle chanson Montréal signéeTomislav, qu’il chante désormais en duo avecGarance. Ces deux artistes ont ouvert le festival à Pompadour, et commencé la soirée de clôture à Concèze. Jules Nectar, lui était seul romantique, efficace et aussi beau que bon chanteur.
Salut tout particulier à Clémence Chevreau qui est apparue sans son groupe, seule avec sa guitare électrique et ses chansons douces, (enfin plus douces que lors de ses précédents concerts) sa détermination et son regard perçant. Bravo, elle assure toujours, Clémence !
De surprise en surprise, je suis amenée à parler de François Rollin, qui a présenté un spectacle Victor Hugo, et de la pétillante Caroline Loeb qui avait fait un saut pour être sur scène à Pompadour le jour de l’inauguration, et qui est revenue pour un plus long set, cinq jours après.C’est la ouate, c’est Caroline, c’est une chanteuse, conteuse, comédienne que nous aimons dans tous ses registres et dans tous ses états, toujours vive, fine et pleine de fantaisie.
Je vais finir comme j’ai commencé par la partie poésie, qui nous a permis cette année de découvrir dans la voix d’Antoine Coessens, de Selma Kouchy et Philippe Ambrosini, les textes des lauréats du concours international Poésie en Liberté. Matthias Vincenot nous a présenté certains de ses poèmes issus de son dernier recueil Génération deux mille quoi accompagné par l’Ensemble Découvrir. Quant à Laurence Bouvet, elle nous a étonnés par ses textes poétiques parfois un peu sombres, mais adoucis par le très subtil accordéon d’Alain Chapelain, par ailleurs accompagnateur sur scène de François Corbier. Profitons-en pour parler de son passage sur scène, comme chaque année. Tout comme Eric Guilleton, artiste permanent du Festival Découvrir, François Corbier, et pour notre plaisir, a été présent à Juillac, et à Concèze.
Saluons avec un grand coup de chapeau Eric Guilleton dont le passage a été très fortement applaudi sur ses deux passages sur scène. Eric a chanté ses anciens tubes et ses nouvelles chansons issues de son dernier opus Les temps d’errance, évidemment c’est beaucoup de bonheur, et l’on aime cet artiste, cet homme, ce chanteur, ce professeur à l’amitié indéfectible et au grand talent si insuffisamment reconnu des grands médias.
Et comme l’a souligné Matthias Vincenot à diverses reprises, le Festival Découvrir de Concèze n’existerait pas sans l’Ensemble Découvrir dirigé par Etienne Champollion qui signe les arrangements et joue piano et accordéon. On y retrouve chaque année violons, alto, violoncelle, contrebasse et clarinette. Cette année aux côtés d’Etienne Champollion, Louis Théveniau, Vincent Imbert, Benjamin Cloutour, Florian Texier, Astrid Bâty, Isabelle Haym.
Annie Claire