Nicolas Jules, le Powète en marche

Nicolas Jules, chanteur d’avant-garde

Article que j’ai écrit pour le Magazine Vinyle, paru dans le n°102.

J’ai une chance terrible, je demeure tout près de la maison de
Nicolas Jules à Paris. Du coup, comme j’aime énormément ce
chanteur poète un peu lunaire, j’avais très envie de lui tendre
mon micro pour en savoir davantage sur lui. Il a bien vite accepté
ma proposition d’entretien sauvage, et s’est livré à quelques
échanges avec moi autour d’un café dans notre quartier qui
jouxte le Père-Lachaise. Nicolas Jules a « fait » vingt fois les Trois
Baudets, il a fait pratiquement tous les Festivals de chanson, plusieurs
fois chacun, en passant par les Francofolies, le Printemps
de Bourges et tous les autres y compris Barjac. Ses disques sont
en bonne place dans les Médiathèques, bref c’est un chanteur
reconnu, apprécié, que je considère comme étant à l’avant-garde
de la chanson d’expression française.

Le Powète @[13105943203:274:Nicolas Jules] chante ce soir @[678878435490444:274:Au Limonaire] avec Nicolas Mauro. Comme Nicolas n'habite plus Paris, allez à sa rencontre ce soir, il chante du Brassens, du Nicolas Jules... Lisez aussi mon article sur lui dans le numéro 102 du Magazine @[50482123568:274:Vinyl]. ©annie claire 29.04.2015

Nicolas Jules Photo ©annie claire

J’avais envie de lui demander, traditionnellement, ses influences,
même s’il apparait comme un chanteur libre qui définit lui-même
ses codes. Quand il m’a évoqué Higelin, Brigitte Fontaine, Gainsbourg,
Charlélie Couture, Nino Ferrer, Béranger j’avoue n’avoir pas été surprise. Point de vue
musique, des allusions aux Doors, Elvis Presley, Nick Cave ou Tom Waits m’ont pour ainsi
dire confortée dans mon idée d’approche d’un rocker. Et puis
quand Nicolas Jules m’a confié qu’il se sentait plus proche d’Urbain
des Bois, ou de Daniel Hélin que d’Anne Sylvestre, je n’ai pas
été surprise du tout. (Par ailleurs, Nicolas Jules nourrit un très
grand respect pour Anne Sylvestre qui demeure aussi dans notre
arrondissement).

Un chanteur qui chemine.

Nicolas Jules avoue passer beaucoup de temps à écrire ses
chansons. Il se balade avec des carnets qui reçoivent ses fragments
de textes, au fil de ses pérégrinations. Il accorde beaucoup d’importance à l’écriture.

Par ailleurs, il dessine aussi, on le voit
sur ses pochettes de disque, il compose, il improvise.
C’est un artiste qui est capable d’interpréter les chansons des
autres et de faire chanter les siennes par des chanteurs amis.
On se souvient avoir entendu ainsi Radio Elvis ou Trois Minutes
sur Mer reprendre l’un ou l’autre de ses titres. Il considère que
ce sont des voyages qui passent par d’autres véhicules. L’idée
en est généreuse.

Nicolas Jules infatigable chercheur.

Nicolas Jules aime les gens, il s’attache aux artistes avec lesquels
il communique bien. Ainsi, le voit-on souvent dans les
salles où il vient soutenir ses potes chanteurs, au Limonaire, aux
Trois Baudets, ici ou là à Montreuil ou à Belleville. Nicolas n’est
pas un solitaire, il se trouve toujours en chemin, à la rencontre
de lui-même et des autres. Il a été élevé dans la campagne poitevine,
mais adore la ville. Toutes les villes.
Il est à Paris depuis cinq années, mais il est avide de s’installer
bientôt autre part. Ce ne sont pas tant les lieux que les personnes
qui l’attachent. Il veut avant tout surprendre son public, pour se
faire il se donne les moyens de se surprendre lui-même. Il pense
que pour ne pas se faire rattraper, il faut bouger. C’est une métaphore,
mais c’est aussi une réalité, il est souvent là où on ne
l’attend pas, imprévisible.
La hantise de la page noire.
L’inspiration selon lui ne vient pas du néant quand tout reste à
créer sur la page blanche, non, l’écriture naît du foisonnement
des idées, quand tout est réuni, mais dans le désordre de sa tête.
Il suffit alors d’oser prendre le risque d’extraire quelques thèmes
forts qui font sens. Il ne s’agit pas de tout garder, mais d’organiser
une forme d’expression essentielle. C’est certainement la raison
pour laquelle les chansons de Nicolas Jules font mouche. De
plus, il a cette forme de sincérité qui consiste à aller chercher au
fond de soi les choses qui lui ressemblent vraiment, sans jamais
avoir la tentation d’imiter qui que ce soit. C’est le poète libre par
excellence, qui prend tous les risques de la création, en présentant
une oeuvre originale à chaque parution d’album. Pas de
suite logique entre ses oeuvres, juste un artiste en recherche
constante.

L’artiste pivot.

Pivot de sa propre vie, on vient de l’aborder, mais pivot dans son
monde artistique. Son musicien batteur, Roland Bourbon, ça fait
quinze ans qu’il est ami avec lui. Cette amitié est idyllique selon
lui, les deux hommes ont une vision identique de la musique, et
aussi de la vie qui se déplace tout le temps. On est heureux ensemble
dit-il. On sent une forme d’harmonie autour de Nicolas
Jules, une espèce de douceur, de sérénité, même si la vie lui réserve
parfois des moments de doute, voire d’inquiétude. Heureusement,
l’écriture, la musique agissent comme des soupapes qui
permettent ce bel équilibre.

L’artiste a réalisé huit albums qui portent des noms délirants, le
dernier étant La nuit était douce comme la queue rousse du
diable au sortir du bain (2013). Nicolas Jules n’a pas de manager,
ni de maison de disque, et pourtant, il s’est produit sur énormément
de scènes en France et à l’étranger.
Ce chanteur de 42 ans peut être considéré comme à l’avantgarde
de la chanson actuelle, il a un style très personnel totalement
original, c’est un rocker/chanteur qui a fêté ses vingt ans
de chansons. On apprécie de plus son humour très fin et inimitable
qui confine au raffinement poétique. Son esprit de totale liberté
fait plus d’un envieux.
Annie Claire – Février 2015
Nicolas JULES, le Powète en marche
VINYL n°102 • Janvier – Février 2015
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Nicolas Jules et Roland Bourbon (ph. Annie Claire)

 

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