ROBI « Traverse »

Robi ©Marikel Lahana

Telle Barbara, Robi nous touche profondément quand elle chante, toute en abandon et en retenue, dans la vérité de son être. L’on s’attache à cette personnalité riche et complexe, dès la première écoute. Je ne sais pas si c’est à l’occasion des mots de bienvenue ou de déconvenue que je pense aussi à Anna Prucnal, dont Robi a la force d’interprétation dans la rigueur et l’amour des mots et du rythme. Toujours est-il que Robi est une grande chanteuse dont le pouvoir émotionnel de la voix revêt un charme quasi-envoûtant.

Chloé Robineau [à la ville] est une artiste en mouvement. Avec la fameuse Katel dont j’ai souvent l’occasion de parler et qui  a oeuvré sur son album, et avec la non moins célèbre Emilie Marsh, elle a fondé le label de femmes FRACA (article ici sur mandolino). Femme vivante donc que le grand public avait commencé à apprécier en 2015, lorsqu’elle gagnait le prix Gorges Moustaki avec son album La cavale. Quatre ans après sort le troisième album qui parle aussi (bien sûr) de voyages, d’escapades, de traversées. Si les tournures de phrase sont parfois recherchées, les mots sont simples, et l’écriture à l’os propose un troisième degré à notre entendement. Chacun s’installe dans ses trajets, quitte à faire partie d’un trip qui emmène plus loin encore. « La mort est profonde on ne s’en relève pas / La belle ronde d’ici bas« . C’est sur cette danse macabre que se termine l’album.

Robi sait tout faire, de plus elle est bien entourée. Une puissante synergie autour d’elle l’assure et la rassure, lui permettant d’avancer dans une apparente harmonie. Je ne dis pas que l’artiste n’a pas de doutes, je dis que ses fragilités, qui la rendent si humaine, s’inscrivent dans un canevas de belles âmes, d’artistes talentueux, d’amis fidèles et d’une famille aimante. Il pourrait s’agir d’un album de la maturité, de la reconnaissance de la femme abordant la quarantaine avec sérénité, c’est à elle de nous le dire. La musique s’avère plus douce, accompagnant cette plénitude de l’émotion vitale, les basses sont plus sages, laissant la voix prendre les devants. On écoute Robi séduit par sa voix, on s’y attache définitivement par le mystère qu’elle propose dans ses chansons qu’il nous irrémédiablement faut remettre en écoute pour finir d’en comprendre le sens. C’est cela peut-être qui signe la réussite d’un album.

Annie Claire 11.02.2020

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