Simon Goldin Poète effervescent

 

Place Saint Henri 19 titres Baboeup productions

 

Simon Goldin a fait son Zèbre

6 Avril 2017

 

Juvénile quadragénaire, Simon Goldin, le bien nommé a la sagesse bien trempée d’un poète branché sur le 220 volts. Toujours enjoué, les cheveux au vent, il chemine de regard en regard à la rencontre des autres, d’autres univers à explorer, à chanter.

Originaire de Montréal, Simon Goldin s’est souvent déplacé en Gaspésie ou ailleurs. Il vit en France maintenant, un peu partout, on le croise à Nancy, Dijon, Paris ou même Barjac. C’est un nomade humaniste, il part à la découverte des coutumes, des gens. Tout lui donne matière à phrases nobles et précises. Son champ d’observation est le travail, l’amour, la famille, la rudesse des temps, les pauvres.

L’album Place Saint Henri a une bonne facture québécoise. L’accent du chanteur ressort fort, et l’on se prend à penser tout de suite à Gilles Vigneault et sa voix rauque, ou à Richard Desjardins pour les phrases poétiques. Les textes sont attachants, souvent ils décrivent des situations de grande rigueur, climatique ou sociale. L’humour ne s’en détache pas, apportant sa légèreté à la gravité des  propos.

Simon Goldin fait claquer les mots, à la Vigneault ou Brel, et chaque chanson a une musicalité qui lui est propre, l’album s’écoute, comme le concert en live, avec un intérêt soutenu par des trouvailles d’écritures pittoresques. La péripathétipute a une trace de blanc autour de la narine… parce qu’il neige beaucoup au Québec. Où vas-tu à l’heure des pauvres ? … Tu viens secouer mon corps, à l’endroit où justement, je me sens fragile. 

L’album Place Saint Henri peut sembler receler une série de clichés sur le Québec, avec les mots typiques de la langue de là-bas, l’accent et tout le folklore qui plait tant aux français. En fait, seul un chanteur aussi sympathique que lui peut faire passer le second degré, nul doute qu’il se moque un peu de lui en même temps. Quand il explique longuement la turlutte, c’est aussi des parisiens qu’il se moque; rien n’est grave, tout est musique.

Il faut travailler pour gagner sa vie, voici une chronique des métiers et des travailleurs et  leur foyer, telle que pourrait la faire un jeune ado, avec naïveté et force couleurs locales : « Le bouquet de planches ». Soulignons que la guitare du poète chantant est bien harmonieuse, les québécois savent jouer, Régis Nesti à la contrebasse assure également de son côté.

Les chansons de l’album sont toutes de Simon Goldin, sauf une qui est de Sylvain Asselot « Putain ce que je m’aime ». Sylvain est venu la chanter sur la scène du Zèbre avec Simon, putain que c’est drôle !!

L’ensemble du disque est très rock, et  comme son auteur, c’est d’un rock tendre qu’il s’agit, musclé, tonique et pas frelaté.

Bref comme l’on dit, si Simon Goldin passe par chez vous, n’hésitez pas, il va vous rajeunir l’âme et le corps.

Annie Claire 07.04.2017