Grand plaisir de revenir que le dernier disque d’Yves Jamait « L’autre », dont j’avais parlé en avril dernier lorsque je racontai le concert d’Yves à La Cigale. C’est le dixième album de ce chanteur, il est différent des précédents. Moins de gouaille, plus de sentiment profond. Une voix rajeunie (tout comme le look, j’en parlais dans mon précédent article). C’est toujours le même chanteur que l’on adule, c’est devenu l’autre Jamait, plus calme, plus philosophe. Notre poète est fidèle à lui-même, plus sentimental que jamais (tu meurs) il nous raconte sa vie intime avec une infinie tendresse dans des morceaux très longs. On ne s’en plaint pas, sa plume est un régal, l’auteur ne brode pas, il assume sa vie, ses passages, ses amours.
La musique est joyeuse et légère, avec des sonorités nouvelles, pourtant c’est toujours l’excellent Samuel Garcia qui donne la couleur à l’accordéon et aux claviers. La batterie de Mario Cimenti est précise et maitrisée. L’album est enregistré tout en finesse, laissant la voix se faufiler aux endroits ad hoc. On ne peut être que touché par le grain de voix d’Yves Jamait qui porte une sympathique humanité, comme on l’est par son regard direct qui jamais ne se dérobe. J’ai raconté que j’ai discuté avec lui, et que j’ai été charmée par cette personne présente, disponible et pleine d’humour. Avec Yves Jamait, l’on ne s’ennuie pas, on prend la vie du bon côté.
Tous les morceaux sont touchants « Sur ta bouche il y a le reste d’un baiser » tout cela est chanté avec quelques notes de piano égrenées et des bouquets de cordes qui soulignent l’intensité du propos. Certains titres sont dansants à souhait comme De passage « Ne m’attendez pas / Je ne reste pas / Je suis de passage » chante l’humble chanteur libre comme le vent. D’autres titres sont jazzy Comme pas le temps. Notre éternel amoureux jamais ne lasse. On a envie d’en savoir davantage tellement c’est bien chanté, avec la foi chevillée au coeur, la sincérité à fleur de peau. « Je marche, Un peu bancal, Mais j’avance ». Record du disque Une Vie, titre choc de 9 minutes 34. Tout Jamait en poésie. Son enfance, sa vie d’adulte, sa maturité se déroulent en vérité, clairvoyance non feinte, belle performance. « J’arrive » et puis douze couplets suivent jusqu’au final « J’arrive ». Et comme si tout n’avait pas encore été dit, le disque s’achève par un joli titre plein de métaphores animales qu’Yves Jamait dialogue avec sa jeune fille Suzie, c’est charmant.
C’est un disque fort, de treize titres réjouissants, profonds qui nous attachent encore davantage à cet artiste si charismatique. Voilà, maintenant nous savons qu’en plus de bien écrire et de chanter avec conviction, l’artiste peint, les visuels du disque sont de sa main.
Annie Claire
26.06.2023