FACTEURS CHEVAUX « Chante-Nuit »

Le duo charismatique de Facteurs Chevaux, Samy Decoster & Fabien Guidollet (que l’on a connu avec Vérone) nous avait déjà régalés lors de la sortie de leur premier ovni, dans le monde musical « La maison sous les eaux ». J’en avait fait la chronique sur ce site en octobre 2016 ici-même. Faisant toujours référence aux éléments, les artistes, dans ce nouvel opus de neuf titres, nous parlent cette fois de création, de pierres, d’oeuvre idéale. Comme le laisse suggérer leur nom de groupe, ils sont interpellés par l’incroyable construction du Facteur [Joseph Ferdinand] Cheval. Ils y installent même leur résidence, pour créer sur place, à Hauterives dans la Drôme, quelques magnifiques morceaux qui sont sur le disque.

Le Palais Idéal du Facteur Cheval. Photo du net

Dans un contexte initiatique de contes médiévaux, un univers métaphysique qui leur ressemble tant, ces deux créateurs nous emportent, avec leurs harmonies vocales sûres, en état d’apesanteur littérale, que viennent conforter quelques phrases mélodiques de leur guitare nylon. Tout est grandiose et solennel, tout comme la réalisation du Palais Idéal, la beauté de la lenteur de la conception, l’harmonie du résultat. Ce qui facilite cette fluidité magique, c’est la composition des morceaux, les vers sont libres, ce sont davantage des poèmes musicaux que des chansons. Les notes rejoignent les cieux en totale harmonie, abstraction faite de toute contingence matérielle.

Ces artistes nous ont habitués à une pareille élévation au dessus des voies terrestres, et pour peu que l’on se laisse faire, le pouvoir évocateur des mots et des ambiances musicales réussissent à soutenir le rêve tout au long de l’écoute. Pour la sortie de l’album, Facteur Cheval a proposé un concert unique de nuit en forêt, avec cheminement, repas, éclairages et peintures, une  scénographie lumineuse signée de  Noémie Boullier et Luc Kerouanton. C’est Noémie Boullier  qui a réalisé les dessins de l’album. Quant à Jean Baptiste Brunhes, il s’est livré à un enregistrement très raffiné dans un lieu insolite, un autre, dans un atelier désaffecté de l’ancienne Usine Bohin (les épingles et les aiguilles), en Normandie.

En écoute apéritive, voici le morceau-titre Chante-Nuit.

Annie Claire 23.06.2020

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *