Monsieur Lune « Ecrans plats »

 

S’il est un chanteur qui donne immédiatement envie de sourire, c’est bien Monsieur Lune, alias Nicolas Pantalacci. Je parle de lui chaque fois qu’il sort un nouveau disque ou se produit dans une salle parisienne, il travaille avec des artistes de génie, c’est un bon, et en plus il est modeste. Monsieur Lune donc a sorti en début décembre cet album très coloré dans tous les sens du terme, dix titres bien concentrés sur des musiques au poil. Déjà la pochette est attrayante, à l’intérieur il y a des chouettes dessins qui représentent des gens, des humains. Et puis en fin de livret, cette image de Cabu illustrant le titre du même nom. C’est Sébastien Rost qui en est le créateur graphique, le concept c’est que les visuels « ont été générés via des outils numériques… via un écran plat. » Enfin un livret clair où tout est lisible, et joli.

L’on se souvient que Monsieur Lune, bien nommé pour son esprit candide, a chanté Renaud avec une certaine maestria, les lecteurs de Mandolino s’en souviennent. C’est ici. Cette fois notre Nico chante ses textes intelligemment agencés dont le maître Sébastien Collinet a arrangé les musiques.  Il a bien sûr aussi réalisé l’opus.  L’ensemble est doux et percutant, sensible et mélodieux, une belle réussite. Les mots prennent sens sur un entourage musical tonique, élaboré avec finesse, des percussions sympathiques, joyeuses sur des textes pas forcément gais, une photo de la société avec ses codes, ses écrans plats inévitables , ses magasins où le prêt à consommer rejoint le prêt à penser. Il en dit des choses mine de rien ce chanteur, sans mâcher ses mots, avec gentillesse et entrain. C’est persillé d’humour en plus, bien sûr on adhère, on sourit avec lui.

Le dernier titre est un hommage à Cabu, beaucoup d’empathie dans le texte et une musique qui déménage, bravo l’aède et ses amphions qui ont produit là un morceau de choix. C’est respectueux et généreux « Pourquoi ils ont tué Cabu / Plus de lunettes rondes / Mais des balles qui grondent ». Ce n’est pas sans nous faire penser au Jaurès de Brel bien sûr, en plus actuel, en tout à fait contemporain même. Allez, en guise de bande annonce, ce titre tendre et poétique « Pleurer sous la pluie » qui est tout à fait de saison. La prochaine fois je vous mettrai Cabu qui tire des vraies larmes. Le talent de Monsieur Lune n’a rien à envier à celui de Renaud, du génie dans les textes et des mélodies qui ne s’oublient pas.

Annie Claire

22.12.2022

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