Nathalie Rheims D.R.
Comme à son habitude, Nathalie Rheims livre là une histoire personnelle, avec un style magnifique chargé de pudeur, avec ce que l’on sent comme étant la plus grande sincérité. Il s’agit d’un exercice auquel elle s’est livrée pendant le confinement, retrouvant un polaroïd réalisé par sa soeur Bettina Rheims, raconter sa liaison d’une année avec le grand Mouloudji. C’est un hymne à l’amour véritable, celui qui fait que l’on oublie sa vie pour celui que l’on aime. Le livre s’appelle « Au long des jours », le titre d’une chanson de Mouloudji que voici.
Nathalie Rheims a donné de nombreux entretiens avec la presse en ce mois de janvier 2023, elle discutait ce samedi 28 avec Benoît Duteurtre sur France Musique. Elle avoue être retombée en amour avec Moulou lors de l’écriture du bouquin quarante six années plus tard. En fait, elle ne l’appelle jamais Marcel, ni Moulou, elle l’appelle son Oiseau. Celui qui arrive sans prévenir et qui repart très vite, on ne sait où. Elle en accepte les règles, aimant vivre dangereusement. Leur rencontre date de 1977, elle a dix-huit ans, lui cinquante-cinq. La fascination est réciproque, il est épris d’elle également. Elle cristallise en lui son amour de la chanson à texte, de la chanson française dont il est un représentant talentueux, adoubé de ses contemporains, Prévert, Vian, Beauvoir. Elle aime en lui sa fragilité, malgré son âge et son expérience.
Marcel Mouloudji D.R.
Nathalie Rheims raconte que c’est la chanson qui l’a emmenée plus tard vers l’écriture. Mouloudji aussi écrit des livres, avec un guide de renom en la personne de Simone de Beauvoir. Pour elle la chanson est un art noble, un concentré d’écriture efficace et sensible, toutefois, elle ne s’est pas attardée dans le chant elle-même, préférant vénérer ses artistes préférés comme Brassens. Le jour où elle fait la connaissance de Mouloudji, ce dernier était venu la saluer dans sa loge du Théâtre de la Ville où elle jouait avec Maria Casarès, en compagnie de Jean Arnulf beau chanteur engagé de l’époque. Bettina Rheims n’oublie jamais de citer les personnes qui sont un peu dans l’ombre, à commencer par notre amie Cris Carol qui a mis en musique beaucoup de textes de Mouloudji, dont « Faut vivre », son titre préféré et le nôtre aussi. Le voici chanté avec brio par Cris Carol. Je ne vais pas raconter le livre, mais si vous l’achetez [17€] vous allez passer des moments savoureux et légers avec une narratrice qui sait ménager ses lecteurs en leur offrant la profondeur dont elle se nourrit. Ne passez pas à côté.
Annie Claire
28.01.2023