Olivier Philippson « Couleurs Gainsbourg »

 

Olivier Philippson ©annie claire

Olivier Philippson, jeune chanteur dont j’aime bien parler, a choisi treize titres de Serge Gainsbourg parmi les chansons des années 50 à 70, pour proposer ce disque « Couleurs Gainsbourg » qui sort chez EPM le 17 mai 2024. On croyait les avoir oubliées ces chansons, et pourtant elles nous reviennent en mémoire avec la voix d’Olivier Philippson. Impossible en effet d’oublier L’aquoibonniste (l’adjectif est pratiquement passé dans la langue de l’époque pour désigner le dépressif), Black Trombone, Les Bleus, l’Alcool, ou le magnifique Un violon un jambon. Pour Le Poinçonneur des Lilas (sa toute première chanson 1958 très jazzy) ou l’Accordéon (un petit chef d’oeuvre d’écriture et de composition, souvent reprise), c’est plus évident, on les a beaucoup entendues.

Olivier Philippson D.R.

Lorsque l’on entend Fuir le bonheur, c’est à Jane Birkin que l’on pense, et c’est un autre miracle qui s’opère, la voix d’Olivier Philippson a en effet une tonalité plus proche de la sienne que de celle du Maître Gainsbourg (dont la voix est au demeurant bien pénétrante et mélodieuse, parfois chargée de mystère). Olivier Philippson peut ainsi aisément chanter Les Bleus, dont le texte suggère que la chanson s’adresse à une femme (Natasha Bezriche s’y emploie avec habileté, ici ). Le charme opère avec lui, et les magnifiques textes poétiques et délicats de Gainsbourg retrouvent vie, je pense au titre Les Goémons que Philippson accompagne de sa guitare « Algues brunes ou rouges / Dessous la vague bougent /   Les goémons / Mes amours leur ressemblent / Il n’en reste il me semble / Que goémons ».

En effet sur ce disque le parti pris est que le chanteur s’accompagne soit de sa guitare, soit de son accordéon soit de sa lyre gauloise. Dans cette interprétation à l’épure, le texte chanté ressort davantage et l’on est moins tenté de se rappeler les orchestrations des enregistrements de l’époque. L’on porte attention aux paroles, et l’humeur de l’auteur, son humour parfois grinçant, son génie souvent, nous interpellent dans une autre forme d’ écoute plus intense. C’est donc pour moi un noble tribut que porte Olivier Philippson à Gainsbourg, sans entrer en rivalité et donc sans entacher l’interprétation originale. Belle réussite ce « Couleurs Gainsbourg » !!

Annie Claire

05.05.2024

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